FFCP 2022 : « Défense d’atterrir », maman j’ai contaminé l’avion

Les habitués du FFCP le connaissent déjà… et pour moi c’était une première fois. Le réalisateur Han Jae-rim a déjà vu son précédent film The King sélectionné en 2017 avant Défense d’atterrir cette année. Vendu comme le « parfait film du vendredi soir », force est de constater que le réalisateur coche toutes les cases du film catastrophe… tout en y insufflant une dose d’originalité plutôt bienvenue. Si vous êtes phobique de l’avion, vous allez prendre cher. Mais si, comme moi, vous êtes aussi ultra-hypocondriaque, vous êtes assuré de finir en PLS au fond d’un caniveau. En plus, je ne serai bientôt plus très seul à vivre cette expérience, puisque Défense d’atterrir sortira le 30 novembre en vidéo. Dans la grande salle du Publicis, je ne faisais pas trop le fier…

Dès le départ, on sent venir la douille. Un flic, Gu In-ho, est chargé d’enquêter après la publication d’une vidéo annonçant un attentat imminent dans un avion. Ce flic, c’est Song Kang-ho, nouvellement récompensé à Cannes et lui aussi grand habitué des films de Han Jae-rim. À l’aéroport, Park Jae-hyuk (Lee Byung-hun) veut juste partir en vacances à Hawaï avec sa fille Soo-min (Kim Bo-min), espérant calmer ses crises d’eczéma. Un passager (Im Si-wan) se fait vite remarquer pour son comportement étrange (et pas parce qu’il est beaucoup trop beau, alors que putain oui). Une fois que les premières pistes de l’enquête se concrétisent, c’est trop tard : l’avion est déjà en plein vol. Une course contre la montre commence sur terre et dans les airs alors que l’attaque promise a lieu… et pourrait donner lieu à une catastrophe plus grave encore.

Coucou, c’est moi le vilain

Pendant un peu plus de deux heures, Défense d’atterrir mène sa tension d’une main de maître en alternant entre la situation tendue à bord de l’avion, mais aussi l’enquête au sol qui patine. S’ajoute à tout cela un petit twist : le bioterrorisme, ça vous dit quelque chose ? Ici, il n’est pas question pour le coupable de simplement détourner un avion… mais de répandre un virus dans l’ensemble de la cabine. Influence post-Covid, j’entends au fond ? Et bien non : le film était déjà en projet dès 2019, avant même l’apparition de la maladie. Et là, c’est le Covid, mais version hardcode. La mise en scène de Han Jae-rim est d’une précision implacable et place le spectateur dans le même état de détresse que ses personnages. L’attention est accordée au moindre petit détail : les bactéries propulsées dans l’air, les toussotements des uns et des autres, la propagation par le toucher, les symptômes qui se manifestent un par un…

L’avion devient une véritable bombe à retardement, qu’il s’agit de contenir le plus possible. Mais au sol, c’est la sidération. Han Jae-rim multiplie les points de vue et les acteurs. Pour sauver sa femme qui se trouve dans l’avion et surtout pour faire son travail, le « petit flic local » incarné par Song Kang-ho fait tout pour avoir sa place dans la grosse machine qui s’installe : la compagnie aérienne, dont la réputation est entachée et les différents ministères du gouvernement coréen (la ministre du transport, la défense, les affaires intérieures…). La pression s’accumule de toute part entre les volontés du terroriste, le virus qui se développe, les familles en attente de réponse, l’opinion publique et… les pays survolés par l’avion.

« Chérie, tu pars plus jamais à Hawaï stp »

Défense d’atterrir est certes un film à grand spectacle (car oui, ça secoue beaucoup) mais il n’oublie jamais le prisme de l’humain. Celui du flic qui veut sauver sa femme, de passagers qui se dressent les uns contre les autres par instinct de survie, d’un gouvernement qui s’écharpe pour trouver la meilleure issue possible tout en questionnant son éthique, des compagnies pharmaceutiques qui veulent à tout prix éviter le scandale.

C’est cet ancrage dans la réalité qui rend aussi le film aussi efficace, notamment dans la façon qu’ont les metteurs en scène coréens de toujours insuffler de la légèreté ou de l’humour dans un contexte hyper sérieux. Mention spéciale à ce passager ultra-stressé qui ne veut plus être en contact avec personne sous crainte d’être contaminé (alors que le virus est en gestation dans l’air) ou à cette course-poursuite policière qui nous rappelle qu’on n’est pas forcément chez Michael Bay. Un flic, même s’il est sur le point de sauver le monde, peut se casser la gueule et avoir du mal à courir. Un pilote d’avion déchu, même s’il a pris une bonne décision dans le passé, peut voir son instrument de travail devenir son plus grand ennemi.

Défense d’atterrir 비상선언, de Han Jae-rim, avec Song Kang-ho, Lee Byung-hun, Jeon Do-yeon, Yim Si-wan… Présenté en section Événements lors du 17e Festival du Film Coréen à Paris. Sortie française le 30 novembre 2022 en DVD, Blu-ray et VOD (au moins il sort, lui).

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