Il aurait dû être la première grosse sortie mondiale de l’année pour Walt Disney Studios : le remake en live-action de Mulan, prévu pour une sortie le 25 mars en France, a été l’une des nombreuses victimes de la COVID-19 (point Académie Française) dans l’industrie du cinéma. Ironiquement, il s’agit aussi de l’une de nos dernières projections presse avant l’annonce du confinement, où l’on assurait alors aux journalistes de ne pas s’inquiéter et que le film sortirait bien à la date prévue.
Mais c’est de plus haut qu’est venue la décision du report : avant même l’annonce du confinement en France, Disney a pris la décision de décaler la sortie du long métrage aux États-Unis et, par extension, dans le reste du monde. C’était alors l’une des premières « grosses » sorties à être reportée avec Sans un bruit 2 (décalé quant à lui à septembre) et No Time to Die (à novembre).
C’est fou. Tout est devenu caduque, en fait. Bon, vous savez tous que ces dates ne sont plus à jour non plus, mais c’est pas grave.
Puis tout le calendrier Disney a suivi. Black Widow prévu en avril, Artemis Fowl relégué à Disney+, Jungle Cruise avec Emily Blunt et Dwayne Johnson catapultés à l’été prochain… et l’interminable feuilleton des Nouveaux Mutants qui, après des semaines de silence, devrait (enfin) sortir fin août. ET QUI EST SORTI, LUI !!! On n’était plus vraiment à ça près.
Mais revenons-en à Mulan. Non seulement s’agissait-il du premier Disney de l’année… mais aussi d’un remake pensé et réalisé avant tout pour le public chinois. Au casting, on retrouve ainsi des pointes telles que Donnie Yen, maître des arts martiaux déjà parti dans une galaxie très très lointaine et – bien que de manière très fugace – Jet Li dans le rôle de l’Empereur de Chine.
Pour camper l’une des héroïnes emblématiques de Mickey and Company, le studio s’est tourné vers… Liu Yifei, qui a déjà contribué à une saga à succès chinoise (The Four) et partagé l’affiche avec Chow Yun-fat dans The Assassins. Le tournage s’est déroulé en partie en Chine et a affiché de grandes ambitions avec un budget de 200 millions de dollars. Tout comme le studio promettait, au grand dam des fans qui voulaient retrouver le dragon Mushu et les chansons du dessin animé, une version plus terre-à-terre et fidèle à la légende authentique chinoise… Et à sa tête : une réalisatrice, Niki Caro, qui s’est illustrée avec La Femme du gardien de zoo, drame historique dans lequel Jessica Chastain dissimule 300 juifs dans un parc animalier de Varsovie après l’invasion des nazis.
À l’heure où nous écrivons ces lignes (début juin), nous ne savons toujours pas si la date annoncée du 22 juillet sera bel et bien la sortie du film, ni quand vous pourrez nous lire. La promotion du film a déjà été mouvementée en raison des propos tenus par l’actrice principale à l’encontre des manifestants pro-démocratie à Hong Kong et des reshoots dits « intensifs » fin 2019. Et pendant ce temps, Mulan n’a toujours aucune date de sortie prévue en Chine, alors que le pays était déterminant pour ses résultats au box-office.
Entre temps, il est sorti là-bas mais il a bidé, voilà.
Bref, c’est compliqué.
Comme le film, en fait.
Le 29 juin, nous apprenons que le film a été décalé à nouveau au 19 août en France, tout comme Tenet de Christopher Nolan a échangé sa date du vendredi 31 juillet pour le mercredi 12 août. Tout cela suite à la remontée de l’épidémie de COVID-19 aux États-Unis, aussi persistante qu’une mouche qui colle à une crotte de chien.
Le 24 juillet, le film a été à nouveau retiré du planning des sorties de Disney. Un jour, peut-être, vous pourrez le voir. Ou pas.
Le 2 septembre, la sortie du film est enfin fixée en France au 4 décembre sur Disney+ !
On avait un peu d’espoir puisque ce Mulan semblait être l’un des rares remakes actuels de Disney (avec Peter et Eliott le Dragon ou Dumbo) à s’éloigner un tant soit peu du film original au lieu d’en être un copié-collé plan par plan (coucou Le Roi Lion, c’est de toi qu’on parle).
(note du rédac chef : pas forcément par choix, mais surtout parce que l’ancien boss Katzenberg possède les droits sur la substance du dessin animé de Mulan ; sur les chansons et certains personnages notamment…)
Aussi parce que les premières images semblaient instaurer une certaine patte visuelle, avec une belle attention sur la sphère familiale de Mulan, les costumes, les maquillages…
Ces quelques beaux plans ne font pas illusion très longtemps, les images de Niki Caro se révélant bien vite au même niveau que la monotonie des derniers blockbusters Disney. On retrouve donc les mêmes défauts que La Belle et la Bête de Bill Condon ou du Aladdin de Guy Ritchie : une photographie terne, qui ne sait pas mettre en valeur ses décors et dévoile tout leurs artifices. On sait qu’on est sur un décor de cinéma construit pour l’occasion ou devant un fond vert pas très honorant (comme lorsque Mulan s’entraîne au combat seule, devant un point d’eau, la nuit tombée). Seuls les temples et les scènes de batailles en extérieur font un peu plus illusion. Enfin presque, puisque l’une d’entre elles se dote de grosses incohérences, comme lorsque Mulan parvient à contourner tout un champ de bataille en un temps record et sans se faire remarquer par ses ennemis malgré sa tenue rouge flamboyante après un cut plutôt disgracieux.
L’histoire ne diffère qu’assez peu du film d’animation original : il s’agit pour Mulan d’un voyage initiatique, visant à faire d’elle la guerrière que nous connaissons tous et à dépasser le préjugé qu’une femme ne peut prendre part au combat (car, sinon, elles sont des sorcières).
À la différence près que le fameux Mushu se voit remplacé par les apparitions multiples d’un phénix en images de synthèse, guide spirituel de Mulan qui, un peu comme la fée de Majora’s Mask (mais en beaucoup moins chiant) te rappelle ce que tu dois faire.
En conclusion : il invite à rise like a phoenix, littéralement, comme dans l’une des dernières scènes du film, où Mulan se tient debout face à son ennemi, le phénix déployant ses ailes juste derrière elle. Vivement les détournements de cette scène, sûrement le moment le plus mémorable du film… et pas pour de bonnes raisons.
Mulan, un film de Niki Caro. Avec Liu Yifei, Yoson An, Gong Lee, Donnie Yen, Jet Li… Sortie française le 22 juillet 2020 ou entre aujourd’hui et la fin du monde.