Le cinéma d’animation Ghibli aux petits oignons : Les recettes des films Ghibli

On a vu des vrais cinéphiles de la cinéphilie véritable se moquer de Télérama au printemps dernier, lorsque le magazine a publié sur Internet un classement des meilleurs films Ghibli. Evidemment, les faux cinéphiles de la cinéphilie indigne de chez Télérama ont attendu que tout soit mis sur Netflix pour en parler ! Quelle honte, quelle disgrâce.

Et comme Cinématraque adore être honteux et disgracieux, nous avons décidé d’attendre que le cinéma soit mort et enterré par une pandémie pour vous parler du studio Ghibli. Pire encore, on ne va même pas parler des films, mais d’un livre de cuisine. Votre seum sera notre ingrédient secret… Nous, on déguste. Car cet automne sort dans vos librairies – fermées – un beau livre de chez Yinnis Editions, composé par Minh-Tri Vo, Apolline Cartier et Claire-France Thévenon, qui s’inspire du cinéma Ghibli pour colorer vos fourneaux.

Petit point rapide d’abord : Ghibli a été créé le 15 juin 1985 à l’initiative de deux immenses artistes issus de la Toei, Isao Takahata et Hayao Miyazaki, ce suite au succès immense du long métrage Nausicaä et la vallée du vent (qui n’est donc officiellement pas produit par le studio, anachronisme désormais admis). Pendant trente ans, Ghibli va produire des œuvres magistrales qui ne ressemblent à aucune autre dans le paysage cinéma international tout en apportant leur expertise chez d’autres studios et en collaborant avec des artiste du monde entier. En cela, si l’on peut considérer Pixar comme le plus grand studio d’animation du monde occidental, à la fois d’un point de vue géographique mais aussi culturel, Ghibli est le plus grand de l’autre côté du monde.

Pour nous, le studio japonais est le plus grand tout court d’ailleurs, mais à quoi bon créer de la compétition là où la complémentarité est de mise, et où le dialogue entre les différents cinémas est si vivifiant et riche ? D’ailleurs Pixar/Disney et Ghibli ont longtemps été très proches. Sans rentrer trop dans le détail car nous ne sommes pas là pour parler cinéma, John Lasseter et ses équipes ont supervisé eux-mêmes les versions américaines des films Ghibli et ont même participé à la conception de certaines idées de Miyazaki.

En France, le cinéma Ghibli est une institution surtout grâce aux films de Miyazaki ; les géniales œuvres de Takahata, moins inspirées par le folklore européen (il a pourtant étudié le français à Todaï et citait régulièrement Grimault dans ses influences) que celles de son comparse, sont encore trop méconnues du grand public. Il n’empêche que des œuvres comme Chihiro, Le Château Ambulant, ou encore Porco Rosso ont énormément contribué à la sensibilisation au jeune public français à des problématiques trop absentes du cinéma d’animation américain qui inondent leurs écrans : des personnages féminins fascinants, et une grille de lecture sur le monde extrêmement politisé et très à gauche.

Il n’est donc pas surprenant de voir trois femmes françaises, que nous avons nommés plus haut, monter un bouquin de cuisine inspiré des œuvres du studio. Cela s’appelle tout simplement Les recettes des films Ghibli, et la présentation est classique, mais efficace : une partie salée et une partie sucrée pour environ 150 pages de contenu. Chaque recette est directement inspirée d’un repas visible à l’écran dans un film Ghibli. Cela nous permet de noter que les scènes de déjeuner et de dîner sont essentielles au cinéma japonais, au sens qu’elles sont présentes dans presque tous les films déjà, mais surtout qu’elles font partie d’un moment important de la vie locale, qui ouvre à la réflexion et à l’introspection.

L’ouvrage est joliment présenté. Chaque recette est introduite par des images du film choisi et un paragraphe qui contextualise la mise en bouche. Oui, moi aussi je ne suis pas sûr que cette phrase ait du sens mais veuillez admettre que c’est joli. Bien sûr, certaines sont plus appétissantes que d’autres ; la partie sucrée, qui promet plats à base de haricots rouges comme le kasutera, séduit davantage que la partie salée qui demeure plus occidentale. Comme nous le disions plus haut, le cinéma Ghibli s’appuie beaucoup sur l’Europe, il n’est donc pas surprenant de trouver une recette de spaghetti ou de ragoût de bœuf dans l’ouvrage.

Pas de quoi pinailler cependant, le résultat semble bien complet et les recettes sont toutes très clairement expliquées. Bon, on admettra tout de même que la page sur le Tombeau des Lucioles est assez gênante mise en contexte. Oui, l’assiette de fruits de mer et son riz semblent délicieux, mais est-ce qu’on a vraiment envie de le déguster en pensant à deux orphelins qui vont mourir de faim à cause de la guerre ? Ou alors il aurait fallu rajouter nos larmes dans la liste des ingrédients…

Nous avions prévu de tester une des recettes lors du prochain podcast Cinématraque, mais nous sommes désormais « confinés » et les cinémas fermés, nous devrons donc repousser la dégustation à plus tard… En attendant, on va bien prendre le temps d’en tester quelques unes à la maison, tout en pensant au fait que les deux meilleurs films Ghibli sont Le Vent se lève et Le conte de la princesse Kaguya… Et qu’il n’y a pas débat. Bon courage pour survivre à la pandémie, cher lectorat. On s’est dit que parler bouffe aiderait un peu au moral. Et puis fait bien cuisiner maintenant qu’on ne peut plus commander sur Uber Eats à 23h………. Soupirs.

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