Underwater : Ânes sous l’eau

NB : le comité de rédaction m’a interdit d’utiliser la moindre expression liée à l’eau dans cette critique. Dura lex, sed lex.

Bon il faut expliquer, tu vois le mauvais film catastrophe, il y a des punchlines, des blagues forcées, pas de scénario, des jump scare, des personnages stupides, des placements de produit et une personne noire qui meurt au début. Le bon film catastrophe, il y a des punchlines, des blagues forcées, pas de scénario, des jump scare, des personnages stupides, des placements de produit et une personne noire qui meurt au début. Mais c’est un bon film catastrophe !

Underwater se place très clairement dans la première catégorie. On a même l’impression qu’il ne fait jamais le moindre effort pour tenter de basculer dans la deuxième. On ne demandait pas grand-chose, une tentative, une once de volonté d’essayer de faire quelque chose. Mais là, c’était déjà trop.

Le générique, astucieux, nous balance les éléments de contexte à la tête, comme ça c’est fait, on est tranquille. On a donc creusé très profond dans l’océan pour faire plein d’argent, mais ça commence à déconner pour des raisons mystérieuses allez hop c’est parti ! La première scène est en effet le moment initial de la catastrophe et le film durant 1h34 suivra les survivants qui tentent de remonter à la surface. Alors pour les survivants on a :

  • le capitaine au cœur noble qui cache une fêlure (Vincent Cassel, qui joue ce qu’il a à jouer, c’est-à-dire pas grand-chose)
  • une jeune mécano débrouillarde mais qui cache une fêlure (Kristen Stewart)
  • un petit rigolo qui fait plein de références pop (l’insupportable T.J Miller)
  • un couple sans fêlure (Jessica Henwick et John Gallagher Jr. )
  • un homme noir pour lequel on n’aura pas le temps de savoir niveau fêlures (Mamoudou Athie, on ne te connaît pas mais on te souhaite de beaux rôles et une belle carrière. Assez belle, pour changer ta fiche Wikipédia qui indique que tu es “perhaps known”).

Aucun de ces personnages n’a le moindre intérêt. Mais vraiment aucun. Ils ne dépasseront jamais la petite case prévue par le scénariste quand il a rempli son bingo du cinéma catastrophe. Leur dialogue sont creux, leur histoire personnelle expédiée au détour d’une scène forcée, et ils ne semblent jamais totalement impliqués dans ce qui arrive. Vous imaginez donc bien l’émotion qui se dégage quand ils meurent un par un.

Allez pour être gentils on va essayer de sauver Kristen Stewart qui arrive à insuffler une fragilité intéressante à son personnage. Le film essaye peut-être aussi d’être féministe en faisant en sorte que les hommes n’aient jamais la moindre utilité pendant le film, mais je ne suis pas tout à fait sûr que ce soit fait exprès. Voilà pour les points positifs.

Parfois la « Cancel culture » a du bon

Google indique que c’est un « Film à énigme ». Et en effet c’est une énigme de savoir comment on peut encore faire des films comme ça en 2020. Toutes les situations ont déjà été vues mille fois et le film ne justifie jamais de les revoir une mille-et-unième fois. La menace est aussi nulle que les protagonistes, on n’arrive donc pas à savoir quel camp on supporte. La décision de ne filmer absolument rien d’autre que la fuite des survivants sans aucun élément narratif supplémentaire aurait pu être intéressante si cette fuite était innovante et utilisait à propos l’élément distinctif du film (ça se passe sous l’eau). Évidemment vous l’aurez compris, il n’en est rien. On va d’un point à un autre en essayant de suivre le plan que Vincent Cassel a sorti au début du film en disant « Il faut aller là, en passant par là ». Il y a quelques péripéties, des situations à la fois prévisibles et invraisemblables (on salue la performance) et même des ralentis quand ça explose. Le film semble être basé la première version d’un script écrit à la va-vite pour lancer un projet. C’est vraiment à se demander comment toutes les personnes impliquées dans le projet se sont dit que c’était une bonne idée ? Comment les acteurs peuvent-ils prononcer des phrases comme « J’avais déjà vu un homme mourir mais j’en avais jamais vu imploser », « On a trop foré maintenant l’océan se venge » ou « Moon Pie, j’adore ce biscuit » sans appeler leur agent pour leur demander ce qui se passe ?

Le film n’est même pas assez nanardesque pour être rigolo étant donné qu’il ne se passe rien de surprenant. On s’ennuie ferme entre deux sursauts qui doivent plus au volume sonore du cinéma qu’à la mise en scène. Jouer sur l’isolement d’un groupe de survivants des kilomètres en dessous de la surface aurait pu donner quelque chose mais malheureusement Underwater tombe à l’…, Underwater est un coup d’épée dans… Underwater nous laisse le bec dans Underwater ne se mouill… Underwater est nul.

Underwater, un film de William Eubank, écrit par Brian Duffield et Adam Cozad. Sortie le 8 janvier 2020.

About The Author

1 thought on “Underwater : Ânes sous l’eau

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.