Cendre noire : joliment ennuyeux [Semaine de la critique]

C’est au tour du Costa Rica d’être invité à Cannes. Avec Cendre Noire, Sofía Quirós Ubeda nous propose une réflexion intimiste sur la vieillesse et la mort, à travers le regard d’une jeune fille débordant de vitalité.

Vivant avec son grand-père qui ne semble plus avoir beaucoup de printemps devant lui, Selva vit sa vie de jeune fille à l’orée de la puberté, entre soirées dansantes et flirts écoliers. Elle partage sa vie non seulement avec son aïeul, mais aussi avec une vieille dame, Elena, amie du papi avec qui elle semble avoir développé une relation d’amour/haine. Tout ce petit monde vit autant dans l’insouciance du quotidien que dans l’attente de la mort qu’on sait inévitable. Quand celle-ci arrive, le film devient onirique et joue avec les sens et les symboles – principalement animistes – pour la figurer et la transcender. Ce jeu avec la mort se fait tout en subtilité, la dernière scène faisant ainsi écho de manière très belle à un fil rouge du film, sans jamais insister de manière grossière.

Une scène de danse du ventre sur de la musique arabe dans un film du Costa-Rica, c’est ça la mondialisation qu’on veut

Un film peut-il cependant être trop subtil ? Il peut en tout cas manquer de corps et de matière. A trop vouloir flirter avec l’indicible et l’invisible, Sofia Quiros Ubeda n’arrive pas à nous emporter sur tout la durée d’un film pourtant court. Le film glisse trop facilement et manque d’aspérités auxquelles se raccrocher. Pourtant, on sent que la réalisatrice ne manque pas d’idées. Son alternance entre des plans rapprochés sur le regard impénétrable de Selva et des plans larges qui abandonnent les personnages, minuscules face à la mer ou à la jungle qui les submergent est particulièrement intéressante. On ressent aussi tout le plaisir qu’elle a à filmer cette jeune actrice, Smachleen Gutierrez, qu’elle avait déjà fait jouer dans son précédent court-métrage. Mais toutes ses bonnes intentions ne suffisent pas à rendre le film indispensable et beaucoup n’en retiendront qu’un ennui poli.

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