A un moment du film La Fiancée du Désert, une nonne traverse la pampa en scooter. Les deux héros du film, posés à côté d’un camping-car en pleine discussion sur le pipi (véridique), regardent la nonne passer à fond la caisse, et se demandent où elle va. Et nous aussi, parce que la caméra reste là, et laisse une histoire certainement fascinante nous filer entre les doigts. Oui, cette première réalisation pour les deux argentines Cecilia Atán et Valeria Pivato, présentés dans la sélection Un Certain Regard ne nous pas emballé, c’est le moins que l’on puisse dire. Au point de regretter d’avoir passé une bonne nuit, parce qu’au moins on aurait pu faire un somme – le nombre de gens qui dorment aux projos, c’est hallucinant -, mais là non. On est concentré, éveillé et alerte ; et ce film n’a rien à raconter.
Pauline Garcia joue une femme dans la cinquantaine doit traverser le désert pour changer de vie et d’emploi. Malheureusement, elle oublie son sac dans la roulotte d’un vendeur itinérant et passe le reste du film à chercher son sac.
…Voilà. Bon, évidemment on a une symbolique derrière hein, mais vous avez donc l’étendue des enjeux proposés par le film. Que le film ne raconte rien, ça n’est pas un souci, même un hérétique comme moi apprécie Rohmer hein, mais qu’il n’ai rien à raconter c’est différent.
Et c’est difficile pour moi d’être dur avec un film ; en vérité, la Fiancée du Désert n’a pas grand chose à se reprocher. Les deux comédiens.nes sont très à l’aise et plutôt irréprochables, la réalisation est inégale mais a de la gueule, visuellement c’est loin d’être laid mais si le tout manque de cohérence… Mais voilà, ce sont 79 minutes qui semblent en durer le triple. Parce qu’au final, on s’en fout quoi. Mais royalement, on n’en a rien à carrer de cette histoire, et rien n’est fait pour qu’ai envie de s’y intéresser. On reste trop à la surface, et celle-ci est, par définition, désertique.
Donc, si on revenait à cette nonne en scooter plutôt ? Et si c’était Ida 2 ?