Jupiter’s Moon : un bon gros Gloubi Boulga hongrois

Quand gamin je rangeais ma chambre à toute vitesse, en planquant les trucs qui trainaient sous le lit, en jetant les miettes gisant sur la moquette derrière les meubles, mes parents, qui n’étaient pas dupes, avaient cette expression : « c’est du travail de sagouin ! »

Depuis, je n’ai pas souvenir d’avoir entendu ni utilisé dans un texte cette expression, et c’est pourtant celle qui me semble le mieux seoir à Jupiter’s Moon. Le film raconte l’histoire d’un migrant syrien tentant de franchir la frontière hongroise, puis se faisant tirer dessus par un flic. Il survit, puis se trouve une certaine appétence pour la lévitation, ensuite. Ceci dit, si je pouvais léviter, je le ferais tout le temps. Mais je m’éloigne du sujet. Mais avouez tout de même que léviter au-dessus de la file d’attente cannoise pour arriver directos en haut des marches, ça aurait de la gueule.

A mi-chemin entre le film de super-héros, la chronique sociale, la comédie foldingue et le film chiant hongrois, Jupiter’s Moon fait l’effet d’une quiche chocolat-banane-steak haché-crème-Chantilly : bourratif, même si pris à part, chaque ingrédient est alléchant. Parce que sur le papier, ce super-héros migrant avait tout pour plaire. Un peu comme ma chambre, lorsqu’on ne regardait pas sous le lit, derrière les meubles.

Ca donne un peu la gerbe

Le dégingandé produit ne serait pas désagréable s’il ne portait pas en lui la prétention d’un auteur au sortir d’un superbe film (White Dogs), persuadé de devoir au public un chef-d’oeuvre plus grand, plus fort, plus mieux. En effet, lorsque le film s’attarde sur un genre, l’auteur n’y va pas de main morte : images voulues hypnotisantes mais qui donnent en fait vachement la gerbe lors des scènes de lévitation, poursuites en voitures façon jeu vidéo mais quand-même un peu cheap, humour qui tombe régulièrement à plat…

Après 2 jours cannois et 3 films en compétition officielle, je ne suis pour le moment emballé par rien, mais le point commun des trois oeuvres que j’ai vues, c’est qu’elles me semblent être à mettre au crédit de réalisateurs réclamant très très fort une sélection cannoise. Toutefois, on connaît cette habitude qu’ont les programmateurs cannois de mettre les films les plus faiblards en début et en fin de festival, et l’on se dit que dès demain matin, on entrera dans le vif du sujet avec Okja, au sujet duquel les bruits frôlent la dithyrambe.

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