Demain matin à 4h44 précise, la vie sur Terre cessera définitivement… Tout le monde le sait, personne ne sera pris par surprise. Aucune chance de s’en sortir vivant alors pourquoi lutter ? Il faut attendre, attendre de longues heures interminables. Ressasser le passé, rappeler une dernière fois ses proches, peindre son ultime toile, faire l’amour une dernière fois et profiter des derniers instants ensemble.
Abel Ferrara nous donne sa version de la fin du monde, bien loin du film à gros budget débordant d’effets spéciaux qu’a été 2012 (en salle à la même époque). Si on devait le comparer, 4h44 Last day on Earth se rapprocherait plus de Melancholia du Dannois Lars Von Tiers. Un film proche de ses personnages, intimiste, sensible à leurs émotions, leurs doutes et leurs craintes. Un film qui les suivra jusqu’à la fin. L’apocalypse est proche mais Skye continue de peindre, Cisco lutte pour ne pas succomber à son penchant pour la drogue, et dehors la Terre vit ses derniers instants.
Pas de grand spectacle, ni d’explosions gigantesques ou de gratte-ciels qui s’écroulent, juste une mélancolie qui saisit les êtres et nous traverse la chair. Les personnages acceptent leur destin et sont heureux de finir leur vie ensemble. Le film est presque un huis-clos, les scènes se déroulant quasiment toutes dans l’appartement du couple. Les écrans ont une grande importance : c’est par eux que l’on apprend les nouvelles ( télévision), que l’on dit au revoir à sa famille (Skype sur l’ordinateur)… On sort uniquement pour prendre l’air sur le toit, et on rentre aussitôt après avoir vu un homme se jeter dans le vide depuis sa fenêtre (peut-être pour garder lui-même le contrôle sur son destin ?).
Le film se termine poétiquement comme on l’attendait, pas de grande surprise donc, et bien loin des habitudes de son réalisateur torturé…
4h44 Dernier Jour Sur Terre, Abel Ferrara, avec Willem Dafoe et Shanyn Leigh, Etats-Unis, France, Suisse, 1h22.
Sortie le 19 décembre 2012