Finding Dory : Pixar se cherche

Avec une troisième sortie en deux ans, Pixar continue de montrer à quel point l’image de marque peut-être vue comme un bien ou un mal. Oui, quand un studio touche si régulièrement à l’excellence, en plus d’un savoir-faire et d’une innovation exemplaires, ça place la barre assez haut. Finding Dory n’atteint pas forcément cette barre… sans que cela fasse de lui un raté, loin de là.

Déjà, soyons clairs, à défaut de paraître éclairés : Finding Dory n’est pas vraiment une suite. Certes la majorité des événements se déroulent après Le Monde de Némo, et les personnages s’y retrouvent, mais il serait bien plus juste de qualifier le film de spin-off, puisqu’il est presque intégralement centré sur Dory, la petite chirurgien bleu (petite pensée pour le biologiste qui a vu ce poisson et s’est mis à penser bloc opératoire) à qui la mémoire fait défaut. Tout le film repose sur les problèmes de mémoire de Dory ; un souvenir inattendu la fait s’embarquer dans une expédition jusqu’à un aquarium en Californie… un souvenir de ses parents. Durant cette aventure, Dory, Nemo et son père rencontrent tout un tas de futures peluches et produits dérivés : un poulpe, d’otaries, de loutres, d’une baleine et d’un béluga, j’en passe et des (pas forcément) meilleures. Tous sont modérément attachants, ou drôles, ou les deux.

En revanche, là où Finding Dory se prend les pieds dans le tapis de bain, c’est qu’il calque son fonctionnement narratif sur celui du Monde de Némo… un groupe de personnage marins recherchent d’autres personnages marins et entrent en contact avec le monde des humains. Le tout dans une progression tout ce qu’il y a de plus linéaire qui rappelle étrangement le gameplay d’un jeu vidéo de plate-forme… ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi et cela donne même d’intéressantes séquences de mise en scène, comme tous les passages d’infiltration avec le pouple qui rappelleront aux gamers le super jeu Octodad, mais ici, cela rend le tout trop attendu. On s’ennuie en fait. c’est une quête à travers plusieurs espaces à danger, où la conclusion est toujours la même « Tes parents sont dans un autre château« . Heureusement, Pixar maîtrise toujours autant la comédie et je vous promets que même un muet rirait à gorge déployé à de nombreuses occasions. Notamment lors de toute la séquence où des loutres bloquent une autoroute en effectuant des actes de mignonitude terroriste.

Au delà de ça, le film réussit son coup dans tout ce qui touche à Dory et ses troubles de mémoires : les séquences analeptiques où ses parents lui apprennent à vivre malgré son handicap sont terriblement touchantes, et le traumatisme se transmet parfaitement ; la catharsis est engagée, tout va bien, et le titre original est mérité. C’est Dory qui part à la recherche de sa propre personne, son histoire, et qui fait face à ses troubles. C’est beau ça, ça fait des frissons dans le bide, ça hérisse les poils de l’estomac ! Malheureusement le reste ternit tout de même le tableau final. Némo et son père par exemple n’ont au fond rien à faire dans le film et se coltinent un arc narratif bidon dont on aurait tous pu se passer. Même le poulpe, qui est un des personnages principaux, n’a pas une évolution extrêmement claire. Donc, dommage.

En fait, un studio comme Pixar nous pousse dans les pires retranchements du Stakhanovisme : après avoir pondu des Indestructibles, Wall-E, Là-Haut et autres Vice-Versa, on s’attend forcément à ce que tous les œufs soient d’or. Sauf que certains sont juste de bons œufs de poule, et qui se mange très bien ! Finding Dory se mange bien donc… mais à force de répéter les mêmes recettes narratives, l’omelette Pixar est tout de même en train de perdre de sa saveur.

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