Apnée de Jean-Christophe Meurisse

On avait découvert Jean-François Meurisse et sa fine équipe sur scène avec sa compagnie Les chiens de Navarre, réjouissant barnum d’humour barge. Tout ce petit monde se retrouve avec Apnée après avoir déjà livré le (génial, aux dires de Dzibz) moyen-métrage Il est des nôtres en 2013. Pour leur premier long-métrage, la troupe ne déroge pas à ses habitudes et livre un objet indéfinissable, film à sketches orchestré autour d’un trouple (un couple à trois pour les profanes en mots-valises) qui cherche à se marier et à s’accomplir professionnellement. Mais même en disant ça, on est pas beaucoup plus avancés sur la nature de cet Apnée qui échappe à toute description.

Face à une comédie qui défie à ce point les règles de la narration et de la logique en vigueur, le rire devient de facto le principal marqueur de l’efficacité d’une comédie de ce genre. Et devant Apnée, on rit. On rit énormément d’ailleurs. Du moins pendant les quarante premières minutes. De la séquence de mariage à trois inaugurale à un dîner homérique chez des inconnus (Claire Nadeau et Olivier Saladin, parfaits l’un comme l’autre), en passant par une simulation d’entretien d’embauche désopilante, les occasions de se péter les zygomatiques ne manquent pas.

Certains (les plus snobs pour se donner bon genre) citeront Bunuel face à certaines apparitions formelles du film, les autres (les vrais, qui n’ont honte de rien) penseront surtout aux jusqu’aux-boutistes les plus acharnés de l’humour Canal (les Deschiens, Nicolas et Bruno…). Mais quoi qu’il en soit, c’est à se tordre de rire sur son fauteuil, ce qui sur la Croisette tient de l’anomalie absolue.

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Et puis le road trip du trio finit par s’arrêter en Corse, et c’est à ce moment-là que le film s’effondre. Est-ce la structure du film à sketchs qui s’essouffle, l’inspiration qui s’amenuise, la fatigue du festivalier qui s’accumule ? Toujours est-il qu’Apnée se met à suffoquer plus vite que la saison d’un supporter de l’Olympique de Marseille. Les rires deviennent de plus en plus clairsemés et l’ensemble finit par tourner à vide. D’autant plus rageant que certaines bonnes idées demeurent çà et là (un tournoi de catch, un plan dans une barque), mais le film ne concrétise pas l’essai.

Par son énergie de tous les instants et parce qu’il nous permet de nous offrir une bonne tranche de rigolade pour oublier les drames roumains de 2h50 et les films de Nicole Garcia de 1h40, Apnée gardera notre sympathie éternelle (ou du moins jusqu’à dimanche). Pour garder notre admiration, il aurait fallu que cela dure plus que trois quarts d’heure.


Gaël Sophie Dzibz Julien Margaux David Jérémy Mehdi
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Le tableau des étoiles complet de la sélection à ce lien


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Un film de Jean-Christophe Meurisse, avec Thomas Scimeca, Maxence Tual, Celine Furher et Thomas de Pourquery

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