The Last Face, de Sean Penn

N’ayant pas grand-chose à vous dire sur le nouveau film de Sean Penn, The Last Face, dont je ressors, à l’image de l’ensemble des festivaliers (seul film de la sélection qui aura eu le mérite de mettre tout le monde d’accord), complètement scandalisé, je vais commencer ce billet par une blague.


BLAGUE

C’est Bono qui donne un concert avec U2 dans un festival irlandais rempli de fans bourrés. Soudain, entre deux chansons, il se tait, et tous ses musiciens avec. La salle se questionne et Bono réclame le silence. Quelques secondes passent, jusqu’à ce que de la salle n’émane plus le moindre son. Alors Bono se met à taper des mains. Un clap toutes les trois secondes. Le public se met à le suivre. Ca dure bien 3 minutes.

Il prend le micro.

« Il faut que vous sachiez », clap… clap… « qu’à chaque fois que je tape dans mes mains », clap… clap… « un enfant meurt de la guerre quelque part dans le monde ».

Ce à quoi un type un peu plus lucide que les autres rétorque : « alors arrête de taper dans tes mains, connard ».

RIRES – FIN DE BLAGUE


Sean Penn, c’est le Bono du cinéma. Une sorte de grand gourou débraillé cool mais à l’air air toujours grave, donneur de leçons à un point qui dépasse l’entendement.

Entendons-nous bien, l’engagement de Sean Penn pour les causes humanitaires est certainement une très bonne chose. Seulement, que celui-ci devienne désormais, en plus d’être un sujet qui l’amène au journal télé tous les mois, également le sujet central de ses films, c’est complètement relou. D’où la blague ci-dessus : qui va voir un film de Sean Penn pour l’écouter religieusement déblatérer sur son engagement, sur Médecins sans Frontières et la cruauté de la guerre ?

The Last Face a beaucoup fait rire. Pourtant, ce qu’il nous montre, c’est la guerre, et le combat de médecins pour la rendre la moins meurtrière possible. Le manque de visibilité des dirigeants, aussi, qui ne sont pas assez sur le terrain mais ont les décisions entre leurs mains. Ca pourrait être un grand film politique s’il n’était boursouflé de leçons de vie, de phrases chocs et de plans sur des gamins qui pleurent. Le rire intervient comme un mécanisme de défense face à tant de simplification, de malhonnêteté intellectuelle, de manque de tact, d’absence de mise en scène. On est finalement bien plus près d’un spot de 2h15 (oui parce qu’en plus c’est long) pour Médecins sans Frontière.

Au summum de la nullité, Jean Reno est le seul acteur du film à réellement fasciner (au passage, Adèle Exarchopoulos, faut tout de suite arrêter de jouer en anglais. Mais genre tout de suite).

Jean Reno, dont on gardera longtemps en mémoire la réplique la plus involontairement drôle du Festival. Visualisez :

(Air grave) « It’s not grabbing (pause) (mais genre longue pause sur son air grave)… It’s loving » (en gros : « Choper, ça n’est pas aimer », mais limite je vais aller revoir le film en VF juste pour voir comment les traducteurs se sont démerdés). L’homme de Léon joue tellement faux qu’il en devient génial. Quelques semaines après Les Visiteurs 3, il nous prouve son manque flagrant de talent de jeu et pourrait bien, de fait, devenir un acteur à mèmes, si et seulement si un type un peu couillu daigne le pousser au bout de ses retranchements.

Bruno Dumont, si tu nous lis…


Gaël Sophie Dzibz Julien Margaux David Jérémy Mehdi
[usr 0.5] [usr 1.5]

Le tableau des étoiles complet de la sélection à ce lien


2

Film américain de Sean Penn, avec Charlize Theron, Javier Bardem, Adèle Exarchopoulos et Jean Reno.
Date de sortie France pour le moment inconnue.

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