Les Revenants, saison 2 : une com habile pour une saison ratée

L’attente a duré 4 ans. 4 longues années sans nouvelle des Revenants repartis dans un final en apothéose, divisant les fans en deux catégories : ceux qui auraient pu s’en contenter et ceux qui, fébrilement, ont depuis passé leur temps à checker sur Google Actualités la date de diffusion d’une saison supplémentaire qui pourrait creuser un peu plus le beau mystère. Revenir près du pont, retrouver l’immeuble, le tunnel et ces lieux qu’on a jadis tant aimé arpenter sur du Mogwai.

Le coup de com de l’annonce de la diffusion d’une saison 2 a été savamment orchestré par Canal Plus, faisant porter le chapeau de cette bien trop longue attente aux bien trop méticuleux scénaristes. Un peu comme quand lors d’un entretien d’embauche un mec te demande ton plus grand défaut et que tu réponds « trop perfectionniste ».

Les informations dispensées avec parcimonie et le capital qualité engrangé par la saison 1 ont mis la poudre aux yeux d’à peu près tout le monde : ça ne pourrait être que génial.

Habiles, les communicants en charge du film ont en effet tout misé dans le packaging. Un Tumblr relayant les théories les plus farfelues des internautes, un site dédié hyper-léché, de nombreuses interviews données, des affichages sur tous les abribus et 2 épisodes diffusés à quelques privilégiés de la presse triés sur le volet. Ça n’est pas parce qu’on n’a pas été invités (pas seulement), mais franchement, écrire des articles « exclusifs » en présumant de la qualité d’une série sur deux épisodes qu’on a été « invité » à voir, ça nous paraît un peu limite. Ici, donc chez MetroNews ou ici chez Télérama, on vous faisait de la pub gratos  (le jour du début de la diffusion, c’est plus pratique) pour une saison dont on n’a vu que le premier quart.

Nous, on n’a eu de cesse ensuite de relancer un communicant en charge de la série pour qu’il nous en donne tous les épisodes en exclusivité, afin de vous en parler dans ces colonnes, ce qu’il promettait de faire « très vite » à chaque nouveau mail. On nous a fait poireauter, en gros, et on a finalement vu les épisodes à la télé comme tout le monde (beurk !).

Quelque chose semblait donc ne pas tourner rond dans cette com poudre aux yeux, à l’instar des bizarres promesses de Gobert et de la clique de production a l’aune de la diffusion des premiers épisodes.

1- C'est pas vrai ; 2- On s'en fout des réponses
1- C’est pas vrai.  2- On s’en fout des réponses, on veut des questions aussi belles qu’en saison 1

L’intelligence des premiers épisodes de cette nouvelle saison, c’est d’avoir façonné ses héros à l’image de ses spectateurs, en la situant chronologiquement 4 mois après la première. Ainsi, il y a ceux qui essaient de réapprendre à vivre et ceux qui continuent frénétiquement à chercher des explications au « phénomène ».

Passée cette élégante idée (épisodes 1 et 2, ceux montrés à la presse, donc, en gros), c’est le calme plat. L’ambiance si léchée de la première saison est certes toujours présente, grâce notamment à la belle musique de Mogwaï, mais elle n’est pas au service de grand-chose. La série tourne sur un faux-rythme et donne une désagréable impression d’avoir viré maniériste vide. Chaque soupçon de nouvelle intrigue semble être à chaque fois coupé net pour donner un vain goût de reviens-y à cette ambiance poussière sur les meubles et mazagrans de chez ta grand-mère.

Les personnages féminins, très marquants en saison 1 que campaient Consigny, Hesme et Sallette sont ici réduits aux regards circonspects, aux longs silences et aux pleurs.

On s’ennuie ferme.

Si, il y a bien toute cette mythologie que l’on sent poindre, de zombies à la française, de zombies chiants, donc : pas dangereux, juste menaçants car énigmatiques. Seulement celle-ci est annihilée par un refus total du sensationnalisme. La série ressemble en fait à ce que l’on en a dit à l’issue de la première saison, mais de façon exacerbée. De léchée elle est devenue maniériste, de lancinante elle est devenue chiante, d’élégante elle est devenue pédante.

Et si ces quatre années passées à chercher, pour répondre aux commandes d’une chaîne ayant flairé le bon filon, une solution scénaristique aux équations de la première saison n’était que la preuve de l’insolubilité du problème ?

La saison 2 des Revenants ne pouvait en fait qu’être ratée, et la com nous a bien eus, en jouant sur notre espoir de revoir quelques années plus tard l’exploit d’une série fantastique française réussie.

Et l’on prend conscience des blaireaux qu’on a été en y croyant…

Car n’en déplaise aux affiches, aux articles-promo, aux exclusivités : communiquer sur une série de cette exigence en disant qu’elle va nous apporter des réponses, c’était finalement faire aveu de faiblesse : ça se saurait si les bonnes fictions étaient celles qui apportent des réponses à toutes les questions en suspens.

 

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