Au moment de choisir l’image de l’année, j’ai décidé de laisser battre mon coeur d’amateur de super-héros et de lecteur assidu de comics. Marvel a su m’embarquer dans ses adaptations cinématographiques : plus que la qualité des œuvres en elles-mêmes, c’est cet univers gigantesque et ambitieux qui m’a happé. J’étais donc tout fébrile devant la retranscription de la grosse conférence de presse de l’année, quand Marvel a sorti l’artillerie lourde en dévoilant les films un par un, autant de friandises apportées aux fans qui n’en attendaient pas tant. L’image reflète l’incroyable machine que Marvel a mis en branle : annoncer 9 films d’un coup pour un agenda s’étalant jusqu’en 2019, c’est inédit.
Plus largement, c’est l’aboutissement d’une invasion soigneusement programmée de nos écrans. Devant le succès des Spider-Man et des X-Men au début des années 2000, les pontes de Marvel se disent qu’ils feraient peut-être mieux d’adapter eux-même leur si riche univers plutôt que de laisser la Fox et Sony accumuler l’argent. Il décident alors d’adapter, non pas seulement les histoires, mais ce qui plaît le plus aux amateurs de comics : l’univers partagé. Le sentiment que chaque oeuvre fait partie d’un univers plus vaste, que les héros et les vilains peuvent se répondre, que Captain America peut s’associer à Iron Man pour battre Loki. Les Avengers seront bien sûr la clef de voûte de ce système parfaitement huilé. L’utilisation de « phases » amenant une vague de films articulés entre eux de manière cohérente montre aussi à quel point l’invasion était bien préparée. Les scènes post-génériques annonçant les prochains films, idée de génie, sont la signature de ce schéma. Rajoutons à cela des acteurs expérimentés et bankables dans chaque film et ce fut une Blitzkrieg, les succès s’enchaînant jusqu’à ce que même les films mineurs sur des personnages inconnus du grand public, comme Guardians of the Galaxy, cartonnent.
On peut évidemment reprocher à Marvel de cacher les films sous le buzz qu’ils engendrent. On frémit déjà pour les 9 films annoncés alors que Avengers 2 n’est pas encore sorti. C’est un teaser permanent qui met le fan dans un état d’attente continue, lui laissant à peine savourer ce qui se passe. Mais il est bien trop tard pour essayer d’y échapper. On est pris au piège. L’arrivée de la Distinguée Concurrence, DC Comics, qui ne s’embête pas et reproduit exactement le même plan marketing dans la précipitation pour rattraper le wagon, laisse à penser qu’on est loin d’en avoir fini avec les super-héros. C’est notre porte-feuille qui fait grise mine…