On a posé la même question à tous nos rédacteurs : quelle scène de sexe vous a le plus fait fantasmer au cinéma ?
Chaque lundi, découvrez une réponse.
Puisque l’heure est à la galipette, je me plierai (volontiers) au jeu des souvenirs brûlants. Les rédacteurs en chef de Cinématraque n’étant pas les seuls à savoir que le sexe fait vendre, l’industrie du cinéma regorge de scènes torrides, sur lesquelles des films entiers ont fait leur miel… à moins que ce soit celui des hommes.
De toutes les scènes érotiques dont j’ai pu me délecter, une seule fait figure de révélation : le dépucelage de Adso de Melk dans le Nom de la Rose. Comme par un étrange effet d’emboîtement (si j’ose dire) ou de mise en abyme, la découverte du désir et du sexe par les deux personnages était aussi la mienne. Comme eux, j’ai été subjuguée par cet échange doux et brutal, incandescent et primitif, qui détonne particulièrement de la froideur glauque du reste du film. Ces deux personnages, qui n’avaient échangé la moindre parole jusqu’ici, s’échangeaient maintenant leur corps nu avec une spontanéité désarmante, par-delà le langage, qui me laissa pantoise.
C’est que la spectatrice d’une dizaine d’années, toute candide et enfantine que j’étais, savait à peu près comment fonctionnait la reproduction humaine, mais ne se l’était jamais représentée. Jean-Jacques Annaud a mis de l’envie, des images, un rythme et une chaleur moite à cette réalité mystérieuse. J’étais aussi surprise et délicieusement étonnée que les deux personnages de la scène. Pour le détail cocasse, j’ai lu par la suite que les deux comédiens étaient puceaux et jouaient un rapport sexuel pour la première fois. Cette nouvelle – dont l’exactitude reste à vérifier – n’a fait que redoubler mon sentiment d’affiliation attendrie vis-à-vis des deux personnages.
Grâce à ce brave Jean-Jacques, « faire l’amour » est devenu un acte concret et non plus cette nébuleuse obscure et incompréhensible qui demeurait suspendue dans mon imagination. Je comprenais qu’une décharge d’excitation pouvait s’abattre irrésistiblement sur deux êtres humains, avec la violence d’une foudre muette. Ayant aperçu cette nouvelle réalité avec ravissement, je me réjouissais à l’idée de découvrir moi aussi ce plaisir primaire et apparemment hypnotique. Je me souviens avoir peu après fait visionner la scène à mes meilleurs amis de 6e ou de 5e, sans leur révéler l’inestimable et délicieux secret qu’elle recelait, les sachant déjà pour la plupart biberonnés au youporn et autres fallacieuses découvertes du désir.
Pour en (sa)voir plus, rendez-vous sur notre page « Les 10 scènes de cul qu’il faut avoir vues »
Certainement du même âge que la rédactrice de cet article, je retrouve dans mon souvenir la même expérience constituante. Il faut dire, nos parents étaient très fiers de nous montrer un film historique et surement « pédagogique ». En numéro deux des émotions juvéniles, je placerais l’Amant, récit romancé des aventures post-ceinturales de Margerite Duras en Indochine, à l’époque ou mon grand-père lui donnait cour de physique.
Perso, cette impression d’intensité érotique, je l’ai retrouvée x10 000 dans un petit film habilement marketé « family » (datant de 1993) nommé « Louis, Enfant Roi » de Roger Planchon…bourré de fantasmes potentiels.. film qui a étrangement disparu de la circulation, et qui met en scène (entres autres) la prise en charge sexuelle précoce du très jeune Louis XIV par des femmes de haut rang redevables à la couronne : précisément afin d’éviter qu’il ne s’amourache de la première vénale qui pourrait lui céder… … Alors évidemment sur le papier cette situation semble beaucoup moins « pure » que cette scène d’Au Nom De La Rose (que j’ai du voir au même age, vers 10ans)… Moins pure certes..mais franchement beaucoup ++++ chaud le climat Louis XIV (sexuellement et psychiquement) _Le fait est que la moyenne d’age, les lourdes tentures, la tension sexuelle mêlée au sérieux du pouvoir, et l’éclairage minimal à la bougie, aident beaucoup l’ensemble des personnages secondaires (aussi) à s’attraper (comme des petits cochons) dans tt les coins du château, tout au long du film ça fait parti du décor.. Et la simple pensée qu’au sein des plus hautes castes supposées « disciplinées », la nécessité de réunions permanentes puisse les conduire tous et toutes à s’autoriser des… « pauses sexuelles » à volonté partout… dans tt les tous couloirs, les coins sombres, derrière les rideaux, à dix pas des autres convives et parents, à tour de rôle, certains même se croisant par inadvertance, et tous faisant mine d’ignorer ce qui s’y passe… C’est quand même magnifique
C’est très intéressant, Ordane, ce que vous nous écrivez là ! Ne voudriez-vous pas développer pour être publiée sur ce cycle ?
Si ça vous tente, envoyez votre article à [email protected] !
Merci en tout cas de nous avoir lus !