The Strain déraille – saison 1

Nul besoin d’aller au bout de sa première saison pour comprendre que The Strain ne nous emmènera pas loin ; autant donc descendre en cours de route.
Guillermo Del Toro, cinéaste inégal mais rompu au mode de production américain, adapte ici ses propres romans. Le but est clairement de donner une nouvelle image du mythe du vampire, en le débarrassant de son imagerie romantique (à rebours de Twilight et True Blood), et en lui donnant l’aspect d’une série d’horreur scientifique, le vampirisme étant envisagé comme un virus – ce qui, ça tombe bien, est à la mode.
Mais cet opportunisme de bon aloi n’est pas le pire défaut de The Strain. On pouvait s’attendre, de la part de Del Toro, à un style visuel soigné – et c’est le cas : les lumières sont contrastées, les cadres précis, les effets spéciaux particulièrement réussis – mais pas forcément aux affèteries inutiles qu’on trouve d’habitude dans les séries de seconde zone, comme ces indications spatiales oiseuses (« Vestry Street, Tribeca, Manhattan, New-York City, USA » – j’exagère à peine).

De la même manière, on aurait pensé trouver, chez l’auteur du Labyrinthe de Pan, un peu plus de recherche dans l’écriture des personnages. Tout le monde sait aujourd’hui que la force d’une série réside précisément là, dans la cohérence et la finesse d’une caractérisation : dans The Strain, les personnages sont brossés à gros traits, sans une once de personnalité. Quant au développement de l’intrigue, il suit son bonhomme de chemin, confortablement tracé par le sillon de dizaines de films de genre avant lui (Le héros est confronté à l’incrédulité de l’establishment / il rencontre un vieux fou qui sait / le traitre n’est pas si méchant / etc.)
Enfin, que dire de l’évocation que fait la série du nazisme comme source ultime du mal, sinon que plusieurs comics, récemment adaptés avec succès au cinéma (et par Del Toro lui-même) ont déjà exploité à fond cette idée pas très subtile ?
A ce stade (c’est à dire, pour ma part, l’épisode 5) on aura compris qu’il n’est plus de temps à perdre avec cette médiocre production, et on sera passé à quelque chose de plus consistant.

The Strain, saison 1. Série créée par Guillermo Del Toro et Chuck Hogan. Avec Corey Stoll, David Bradley, Mia Maestro. USA, 2013. 13×42 min. Diffusion sur FX depuis le 13 juillet et jusqu’au 5 octobre 2014.

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4 thoughts on “The Strain déraille – saison 1

    1. Coucou, je te laisse un commentaire sur le site, pour que le débat soit public.

      Je pense aussi que tu es sévère avec The Strain, mais je suis le premier a encourager l’exigeance de regard face a une oeuvre.

      Franchement je kiffe The Strain (pas encore vu le 7 et le 8 – ni le 9 d’ailleurs ah bah je sais ce que je vais faire ce soir ! 🙂 ) en premier lieu car Del Toro inscrit sa série dans une histoire du cinéma bis, avec les défauts qui vont avec (par exemple les noms sur signifiant comme: « Goodweather » nan mais t’es serieux Guillermo?) Et moi le cinéma bis, c’est mon truc. Le coeur parle, mon vieil ami ! 🙂

      J’aime l’axe choisi, de revenir aux bases du vampirisme à la sauce Bram Stocker (le voyage du seigneur dans un sarcophage, les passeurs, les rats qui quittent la ville) et que Guillermo del Toro prolonge sa reflexion sur le vampirisme qu’il a amorcé avec Cronos, puis poursuivit avec Blade 2. Dans The Strain, il reprend l’idée d’un vampire « machine » composé de pieces qui s’emboitent, et également l’aspect punk a chien, crack head qu’il a mis en avant dans Blade 2. D’ailleurs ce qui est en train d’emmerger c’est une vision de classe des vampires. Avec une aristocratie vampire (très classique, a quoi il ajoute tout de même l’aspect composite) et un proletariat aux looks, donc, de punks a chien, de mandiant sous cracks. L’humanité, dans sa majorité, semble être promis a devenir également vampire-prolétaire. Je ne pense pas qu’il faut y voir un hasard que les personnages principaux soient de la classe moyenne.

      Pour le coups, le recour au nazisme même si il parait cliché, ne me semble pas un ajout cosmétique. J’y vois un peu la même chose que La Question Humaine. Le mal, n’est pas tant les nazis, que le fascisme sous toute ses formes. A l’instar de Klotz, j’ai l’impression qu’il y a une vraie vision politique derrière The Strain qui ferait écho aux angoisses des spectateurs face à « la violence des riches ». Pas un hasard, si Richard Sammel a dans le présent tous les apparat de l’homme d’affaire richissime. Pas un hasard, si les humains (la classe moyenne) accedent plus au statut de vampire crack head qu’a celui du vampire bourgeois. Je pense que cette première saison reflete les angoisses des spectateurs, et la menace fascisante que fait peser le capitalisme sauvage. La question du fascisme, de la politique, traverse le cinéma de Guillermo del Toro et ne pas oublié qu’il est l’un des producteurs du films de son pote Cuaron « Les Fils de l’Homme ». bref je pense pas que ma lecture politique de The Strain soit à côté de la plaque. Mais il faudra attendre les prochaines saisons (pour l’instant une seconde est déjà programmé, trois autres devraient suivre).

      Ensuite, je suis partisan de ne pas « tuer » une série dès la première saison, et je pense qu’a l’instar de Fringe, The Strain va corriger le tir. Les défauts que tu soulignes que je ne nie pas, sont quand même assez cosmetiques, on verra avec le temps. Je crois que cette série va se bonnifier…

      1. Hello, merci de ta contribution à mon article lapidaire!
        Je suis d’accord qu’il y a plein de bonnes idées dans la mise en place de la série, et je ne doute pas un instant que Del Toro finisse par nous proposer une vision politique du vampirisme (et donc du monde).

        Mon problème principal avec cette série concerne l’écriture des personnages, que je trouve vraiment horriblement convenue et mal faite: aucun personnage n’a de vraie personnalité, des motivations intimes intéressantes (SPOILER: franchement, Jim Kent et le cancer de sa femme… mouais).
        Même les deux jeunes frères mexicains n’ont aucune profondeur, aucune crédibilité.
        Or, si ces personnages stéréotypés que l’on trouve dans The Strain peuvent convenir dans un long-métrage (dans la mesure ou, justement, on est dans un genre « cinéma bis », avec les codes que cela implique), ils n’ont à mon sens pas leur place dans une série dont le propre et la force est justement de creuser la complexité de caractères humains.

        Peut-être que ça viendra (comme tu dis, c’est pas bien d’assassiner une série dès son début), mais je ne le sens pas trop. A suivre donc, et j’attends avec impatience ton article de fin de saison! 😉

  1. T’es sévère avec l’épisode pilote, qui pour moi laissait augurer de belles choses.
    D’ac avec le reste (surtout le partie nazisme qui m’emmerde royalement).

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