Sérieux, je dois publiquement remercier Dzibz de nous avoir invités à réfléchir à notre plaisir le plus coupable de toute l’histoire du cinéma. Ne serait-ce que parce que sans ça, je n’aurais peut-être jamais eu de raison valable de revoir, quelques années après, Les Quatre Fantastiques et le Surfeur d’argent (2007). Ouais ouais, moi, le gars réputé pour ne voir du cinéma que dans le petit film d’auteur lo fi deux-pièces-cuisines (trois en faisant un petit effort dans la prise en considération des parvenus), il m’est arrivé genre quoi… cinq fois en trente deux ans de rester baba devant une grosse comédie bien grasse des familles, un porno chic ou, mieux, un blockbuster bourrin quasi indéfendable.
Mon plaisir coupable à moi, c’est donc Les Quatre fantastiques et le surfeur d’argent. J’insiste bien sur le « et » précédent « le surfeur d’argent », car c’est dans cette conjonction de coordination que réside la fleur de mon secret. Des quatre boloss, je dois avouer n’avoir pas grand chose à foutre, même si – c’est l’heure des confessions non – je suis pas le dernier à reluquer le body sévèrement moulé de la miss Alba et que ma fascination pour The Shield me fait compatir à chaque haussement d’épaule de « La Chose » qu’incarne le grand Michael Chiklis. J’ai même pas pris la peine de rejeter un œil rapide sur le premier volet sorti en 2005, c’est dire (même si c’est toujours un plaisir de bosser pour Cinématraque, mon abnégation a quand même des limites).
Bref, en matant il y a quelques années le deuxième film pour la première fois de ma vie d’homme, je dois avouer avoir été ému par le destin dudit Surfeur d’argent. Il y a dans cette entité une faille, un reflet de nos destinées à tous, de notre finitude justifiant pour moi à eux seuls le visionnage de ce qui reste certes un blockbuster sans personnalité, un sous produit de consommation ne requérant en lui-même nulles passe d’armes théoriques. Je voulais juste dire que malgré que le film ne soit cinématographiquement parlant « pas grand chose », je suis reconnaissant à Dzibz de nous avoir proposé de réfléchir à notre plaisir le plus coupable parce que je peux vous dire là, maintenant, après avoir revu avec la même émotion Les Quatre Fantastiques et le Surfeur d’argent, que c’est peut-être bien l’un des seuls films des dix dernières années dont j’aime un personnage comme un frère. Le Surfeur d’argent, c’est juste l’homme que j’aurais voulu être. Ou que je suis déjà. Genre l’homme que je sais être en mon for intérieur. Tu vois, quoi. Allez bisous.
Les Quatre Fantastiques et le Surfeur d’Argent, de Tim Story avec Ioan Gruffudd et Jessica Alba