« Les films que j’aime » du réalisateur Cédric Klapisch

Trois semaines avant la sortie nationale du troisième volet des « aventures de Xavier » après L’Auberge espagnole et Les Poupées russes, Cédric Klapisch présentait à Toulouse Casse-tête chinois. Malgré l’absence des acteurs – retenus sur des tournages et au théâtre ce jour-là -, trois salles du Gaumont centre ville furent nécessaires pour accueillir le public, impatient de retrouver Xavier, Martine, Isabelle et Wendy. Cédric Klapisch s’est prêté au jeu du questionnaire pour en savoir plus sur les films qu’il aime. Ses réponses se rapprochent de celles d’un autre réalisateur rencontré cette année.

1) Le film qui vous a causé votre premier choc cinématographique.
2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, parce que c’est le premier film que j’ai vu dans une salle de cinéma. Je ne sais pas pourquoi on m’a emmené le voir alors que j’avais 7 ans. C’est un film qui marque.

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2) Le film qui vous a fait dire « je veux être réalisateur ».
Peut-être Vol au-dessus d’un nid de coucou, de Milos Forman. L’émotion que j’ai à 15 ans en le voyant me donne envie de faire ce truc qui provoque des émotions. McMurphy, interprété par Jack Nicholson, est un vrai personnage enthousiasmant, tellement vivant, avec un destin tragique. C’est toute la problématique du film : savoir ce que l’on fait de sa vie. Ce n’est pas un film triste pour moi, même si on pleure.

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homme de rio3) Le film que vous offrez le plus.
En ce moment, ce sont plutôt des films pour enfants, et les deux que j’offre le plus sont Le Corsaire rouge, de Robert Siodmak, et L’Homme de Rio, de Philippe de Broca.

4) Le film que vous ne vous lassez pas de revoir.
L’Homme de Rio, A bout de souffle de Jean-Luc Godard et Les Sept samouraïs d’Akira Kurosawa.

5) Le film qui vous fait dire « il devrait être obligatoire au Bac ! ».
CitizeKane d’Orson Welles : il a un côté un peu académique, mais il est magnifique pour apprendre le cinéma. Sinon, parmi les films d’Alfred Hitchcock, L’Inconnu du Nord-Express se prête bien aussi à l’analyse.

6) Le film qui vous fait dire « c’est mon histoire, ça ! » (un film dont vous êtes le réalisateur serait une réponse trop facile).
Probablement un film de Woody Allen, entre Stardust Memories, qui raconte l’histoire d’un réalisateur, et Annie Hall, parce que j’aime bien comment Woody Allen parle du couple et de la vie. Cela ne m’est pas forcément arrivé, mais par rapport à votre question, il y a une proximité avec mon histoire.

7) Le film dont vous avez repoussé le visionnage à cause d’un gros préjugé et qui vous fait dire « les préjugés, c’est tout pourri ».
Autant en emporte le vent, parce que pendant longtemps j’ai pensé que c’était un film débile, un mélo pourri. J’avais 30 ans quand je l’ai vu, c’est un mélo certes, mais il est enthousiasmant, quel bonheur ! Il m’a vraiment scotché et je me suis dit que j’avais été victime du côté anti-hollywoodien qu’on a en France.

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8) Le film dont vos amis disent « tu regardes ça, toi ? ».
Il y a La Harpe de Birmanie, que j’adore et que je pourrais aussi conseiller au Bac. C’est un film japonais génial, très obscur, de Kon Ichikawa, un réalisateur peu connu. A chaque fois que je le conseille à des amis, ils me demandent de leur raconter l’histoire, mais c’est juste impossible. J’ai fait l’expérience plusieurs fois, et ils me lancent tous après « mais pourquoi veux-tu que j’aille voir ça ? ». Quand on le résume, cela ne donne pas du tout envie de le voir, mais c’est réellement un très beau film. Sinon, Y a-t-il un pilote dans l’avion ? La plupart des personnes le trouvent débile, mais j’adore. Il s’est produit la même chose pour la série des Austin Powers avec Mike Myers, beaucoup m’ont dit : « incroyable,tu vas voir ça ! »

la harpe de birmanie

9) Le film que vous n’avez jamais rendu à son propriétaire… d’ailleurs, il peut toujours courir pour le récupérer.
Pendant longtemps, Husbands de Cassavetes n’a pas existé en vidéo. Alors, quand on me l’a prêté en DVD, je ne l’ai pas rendu.

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10) Le film qui vous fait voyager et qui vous a décidé à aller dans les lieux décrits.
Manhattan de Woody Allen car si je suis parti à 18 ans à New York, je pense que c’est aussi parce que j’ai vu beaucoup de ses films. Je suis allé au Yemen, qui est peut-être le plus bel endroit que j’ai visité sur Terre, en partie à cause de Pasolini, car j’étais très impressionné par une ville qu’il a filmée pour ses Mille et une nuits.

11) Le film qui vous enracine.
Dans les racines françaises, il y a Renoir, plus que Truffaut. Il y a quelque chose « de chez moi » dans La Règle du jeu ou La Grande illusion. Les Valseuses est aussi un film fondateur, cette France décrite par Bertrand Blier me parle beaucoup.

CNM Q11 la regle du jeu

12) Le film qui devrait être remboursé par la sécurité sociale.
Woody Allen dit que quand il est déprimé, il regarde un film des Marx Brothers et que cela va mieux après. Je partage assez son point de vue, il y a quelque chose de salvateur : quand on pense que sa vie est pourrie, il suffit de regarder un de leurs films. C’est comme le dentiste, c’est bien de faire une visite une fois par an.

13) Le film qui ne vous quitte pas.
La Dolce Vita de Fellini.

la dolce vita

14) Le film dont vous pouvez réciter des dialogues par cœur (non… un film dont vous êtes le réalisateur serait une réponse trop facile).
Les Valseuses.

Une preuve ?
On n’est pas bien ? Paisibles, à la fraîche, décontractés du gland…

J’adore les dialogues de Blier. Il y a d’autres films dont les dialogues marquent, ceux d’Audiard ou de Prévert, comme Les Enfants du Paradis, dont je peux citer certains passages par cœur.

15) Le film qui est votre dernier coup de cœur.
Gravity, que j’ai vu il y a quelques jours. J’ai lu un article dans lequel le rédacteur démonte le film. Je suis d’accord avec ce qu’il dit, sauf que c’est super. Il a l’air d’être gêné par tout ce qu’il y a de bien. Et par rapport à ce que ça dit, autour du fait de partir pour un ailleurs, avant cette inversion finale, cet inconnu dans lequel elle débarque, j’adore. Il y a aussi l’invention d’un traitement réaliste du fait d’être dans l’espace, à la manière d’un reportage, avec un vrai nouveau langage du relief. C’est la première fois pour moi que la 3D a du sens. Et même le début, ce ne sont que de longs plans-séquences. Les champs-contrechamps, c’est autre chose aussi dans ce film, il y a une nouvelle perception de l’espace et du cinéma.

En illustration, le contrechamp de la scène de Gravity, quand Sandra Bullock tente d’établir un contact : le court-métrage Aningaaq, réalisé par Jonas Cuarón (fils d’Alfonso, le réalisateur de Gravity).

Retrouvez ici « La recontre avec Cédric Klapisch« 

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