Rodriguez est un enfant turbulent : il pioche dans son bac à films, joue avec les images, les réarrange. Un peu comme Quentin Tarantino, avec qui il forme un couple de cinéma (comme avant eux Steven Spielberg et Joe Dante). Rodriguez utilise les mêmes recettes que Tarantino, mais les vide de tout sens pour ne garder que le plaisir du plan. Pas de réflexion : de l’action et du glamour. L’admiration que se vouent les deux cinéastes est évidente. Rodriguez apprécie la rigueur du travail de Tarantino qui, lui, loue la capacité d’expression naïve et de jouissance pure de son comparse. Tarantino s’était attelé au scénario d’Une nuit en enfer et avait fini, autant le dire, par le réaliser, laissant Rodriguez à sa guitare. Ce dernier, après avoir conçu quelques jouets (Desperado 1 et 2, Spy Kids 1, 2, 3, The Faculty, Sin City), avait réalisé une fausse bande-annonce pour relier son Planet Terror au Death Proof de son frère de cinéma. Ces films grindhouse, hommages aux cinémas bis et z, et à l’esprit drive-in, furent sans doute le sommet de leurs arts respectifs.
C’est de ce pastiche de bande-annonce qu’est né le personnage de Machete, dingue de la machette, donc, se faisant justice au corps-à-corps, sorte de Steven Seagal mexicain. Le succès de ladite bande-annonce, pour un film sans existence, a finalement imposé la réalité d’un tournage. Et puisque le grindhouse (ou cinéma d’exploitation) est un cinéma de fans, ceux-ci attendaient Machete et son casting improbable : Steven Seagal justement, Don Johnson et Robert De Niro pour ces dames ; Michelle Rodriguez, Jessica Alba et Lindsay Lohan pour ces messieurs. Et pour tout le monde, tenant les machettes, Danny Trejo. Une histoire de vengeance loin d’être révolutionnaire, dans un contexte qui, lui, l’est davantage. On y voit en effet des Mexicains clandestins qui, sur le territoire états-unien, s’unissent derrière le mythe d’une révolutionnaire sexy pour combattre un sénateur fasciste financé par les barrons de la cocaïne mexicaine. On est loin du Justicier dans la ville. Sorti en plein boom du mouvement Tea Party, le film produit un effet libérateur.
Car à travers ce cinéma delight, Rodriguez met sur le devant de la scène une réalité méconnue : il suffit de voir, par exemple, les lois racistes actuellement votées en Arizona, et l’ampleur de la corruption des hommes politiques du coin par les barons de la drogue. Machete n’est pas un film destiné à l’élite, c’est un film pour le peuple : du populisme au sens noble du terme. Rodriguez, avec son sens du baroque, dévoile une réalité criminelle : les institutions locales sont aux mains des cartels. C’est peut-être cela, en plus de la plastique de ses jolies naïades, qui sauve le film. Car Machete souffre de son origine. Planet Terror et la bande-annonce de Machete bénéficiaient, en plus de leurs qualités intrinsèques, du privilège de la surprise. On s’amuse beaucoup en voyant Machete, mais cela ne reste qu’un simple divertissement. Le palimpseste Planet Terror n’était-il qu’un accident?
Machete, Robert Rodriguez, avec Danny Trejo, Michelle Rodriguez, Jessica Alba, Etats-Unis, 1h45.
Est-il pօssible de vߋu emprunter certaines lignes sur un site personnel ?
À voir une fois et en ayant oublié son cerveau au passage! L’un des films les plus WTF que j’ai vu, certaines scènes font sourire mais ça manque de rythme, « Machete » a beau être un navet qui s’assume, il reste un navet dans tous les cas !
Oui, Fred… Une catastrophe…. :-/
A-tu vu le dernier Gael?