Ce devait être un biopic émouvant, la légende terrible d’une princesse déchue, l’histoire troublante d’une vie emportée trop vite, la fresque d’un chagrin royal, pour ne pas dire international… Il n’en est rien. Le biopic a depuis quelques mois le vent en poupe : après Lincoln, interprété par Daniel Day-Lewis (oscar du meilleur acteur), Jobs incarné par Ashton Kutcher, Le Majordome avec Forest Whitaker ou encore Ma Vie avec Liberace (sous les traits de Michael Douglas), voici enfin venu le tour des femmes. Diana se pose en éclaireur, en attendant, au printemps 2014, Grace (Kelly) sous les traits figés de Nicole Kidman.
Le film d’Oliver Hirschbiegel, à qui l’on devait déjà La Chute (2004), est d’une insipidité totale, à commencer par la prestation pénible de Naomi Watts, que le spectateur n’a de cesse de voir imiter la princesse, personnage trop connu des écrans de télévision, dont le visage et la timidité s’étalaient à chacune de ses apparitions, et qu’il n’est pas aisé de prétendre incarner. Substituer au visage de Diana celui cryogénisé de Naomi, au-dessus des tailleurs haute-couture et sous un brushing parfait, dans les rues huppées de Londres, voici la formule appliquée par le réalisateur. Ajoutons à cela la lourdeur prononcée de la mise en scène et de la narration, en sus d’un florilège de répliques mièvres, et le tout y est.
Le film s’ouvre sur l’accident qui coûta la vie à la Princesse de Galles, le 31 août 1997, à Paris, et revient, par le biais d’un flash‐back, deux ans auparavant, à l’heure de la séparation du couple princier. Diana y est montrée sous les traits d’une femme courageuse et généreuse. Tel un roman-photo, le film revient d’une part sur l’engagement de Diana dans le domaine humanitaire (en présentant exclusivement son voyage en Angola, dans le cade de la lutte contre les mines antipersonnel) ; d’autre part sur son idylle avec le chirurgien d’origine pakistanaise Hasnat Khan (Naveen Andrews qui, après Lost, a pris quelques kilos).
Le film consacre évidemment plus de temps à la relation amoureuse, présentée comme chaotique, entre la princesse et le chirurgien, depuis leur rencontre jusqu’à leurs différentes ruptures. Hirschbiegel, pour tout langage visuel, alterne gros plans sur les visages (pour sursignifier le trouble ou la colère de ses personnages) et plans larges balayant Londres. On aurait presque souhaité que Diana fût une comédie, la crème du cinéma d’outre-Manche. Diana Spencer, sous les traits de Naomi Watts, est un fin stratège, une femme d’ambition, mais aussi une âme torturée par son ancien titre royal. Le film, en revanche, ne montre que très peu sa place de mère, ou sa position à l’égard de son ancienne famille. C’est sans doute le seul crédit que l’on puisse accorder au film, quand bien même le fond en serait critiquable : c’est d’avoir choisi un point de vue, autrement dit, sa pauvre licence poétique.
Diana, Olivier Hirschbiegel, avec Naomi Watts, Naveen Andrews, Douglas Hodge, Grande-Bretagne / France / Belgique, 1h53.