[L’Étrange Festival] 22 v’là Wrong Cops

OFNI. « Objet filmique non identifié ». Le néologisme est pratique pour désigner un film que l’on peine à faire entrer dans les cases rigides d’un genre. Mais la formule est surtout beaucoup trop simpliste, et se contenter d’évoquer les films de Quentin Dupieux par le biais de cet acronyme confine à la paresse.

Oui, ses longs métrages sont atypiques. S’ils abordent la comédie (SteakWrong Cops…), la science-fiction (Wrong) ou l’horreur (Rubber), c’est à chaque fois en repoussant les contours du genre vers une dimension expérimentale. Si ses films impliquent des acteurs (Eric Judor, Ramzy Bédia) ou des genres prisés du grand public, ils ne semblent jamais ambitionner le succès commercial, tant ils s’éloignent de toute concession au mainstream pour viser une « esthétique du cool » et un humour surréaliste pas particulièrement fédérateurs.

« No Reason »

Aussi, si Steak a, avec le temps, atteint un statut de film culte, la radicalité de Rubber et Wrong les a confinés à une réputation de films élitistes, de plaisir pour happy few. C’est particulièrement vrai pour Wrong qui oubliait l’humour au profit de l’absurde systématique, et se résumait à un crispant imagier du bizarre, se légitimant par la formule « No Reason » développée dans Rubber. Pour schématiser, celle-ci revient à justifier le n’importe quoi par le « pourquoi pas ? ». Pourquoi un pneu deviendrait-il serial killer ? Pourquoi pas ?

« Si vous n’aimez pas le film, dites-vous que c’est de votre faute », répétait à l’envi, provocateur, Quentin Dupieux lorsqu’il présentait Wrong au public des avant-premières. Une autre manière de dire : « Si vous ne comprenez pas, c’est que vous êtes stupides », de couper court à toute critique ou esquisse d’argumentation, et de tenir une partie des spectateurs à l’écart, voire de se les mettre à dos.

Wadafok

Wrong Cops pourrait être le film de la réconciliation. Bien moins hermétique que son prédécesseur, il fait preuve d’une certaine générosité dans l’humour qu’il déploie. Comme si l’état d’esprit de Quentin Dupieux était radicalement différent : surprenant, puisque les deux films ont été tournés dans la foulée l’un de l’autre. Version longue du court métrage éponyme, il met en scène une poignée de flics américains aussi tarés qu’incompétents. Des ripoux pathétiques et barrés, qui n’ont que faire du maintien de l’ordre – au contraire – et se concentrent sur leur petite personne.

Encore une fois, Dupieux n’énonce rien, ne dénonce rien, mais laisse ses personnages se fourvoyer dans le nonsense. Il enroule le tout dans un emballage cool : une image à la patine rétro et aux accents nineties (alors que plusieurs éléments contemporains font irruption dans le décor) et une bande son electro, électrisant les hipsters. Du point de vue de l’efficacité comique, ça fonctionne, si l’on est client de ce type d’humour wadafok. Dupieux ne peut cependant s’empêcher de multiplier les auto-citations, confirmant sa tendance au narcissisme. Un péché d’orgueil dont il est difficile de lui tenir rigueur, tant Wrong Cops ne cherche pas à faire dans le bon goût. Ni OFNI, ni chef-d’oeuvre : une comédie relativement réussie.

Wrong Cops, Quentin Dupieux, avec Mark Burnham, Marilyn Manson, Eric Judor, France, 1h25.

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2 thoughts on “[L’Étrange Festival] 22 v’là Wrong Cops

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