[Paris Cinéma] Eka et Natia de Nana Ekvtimishvili et Simon Groß

Ce n’est que justice que ce premier film géorgien se soit vu récompensé d’un prix (celui du magazine Grazia), dans le cadre de la Compétition Internationale de Paris Cinéma 2013. Souple et tendu, tragique mais digressif, Eka et Natia est la chronique d’une amitié adolescente féminine faisant face à la loi des hommes… et des armes. Commençant dans une tonalité incertaine, entre réalisme sobre (les faits du quotidien, ni plus ni moins) et coups de force plus démonstratifs (un mémorable psychodrame familial), le récit gagne en ampleur à partir de l’introduction d’un MacGuffin rendant son aboutissement indécidable.

Un prétendant de Natia, l’une des deux héroïnes, lui offre un jour, à la sortie des cours, un révolver en guise de présent amoureux. La jeune fille, d’abord intimidée, l’accepte finalement et partagera même le plaisir de cette propriété avec la plus raisonnable Eka. A la lumière de ce seul élément dramaturgique, chaque scène se verra porteuse d’une étrange tension, les affrontements, multiples, entre les filles et les gamins du coin, leurs familles respectives et, plus tard, l’époux de Natia laissant augurer une explosion finale sourdement promise par de longs plans-séquence.

Sans rien dire de l’issue, on saluera juste le talent des cinéastes pour la modération de cette promesse. Le pire reste possible, la relation entre les deux filles se verra elle-même soumise à la Menace dans un dernier acte d’une intensité folle. Le libre arbitre, le choix deviennent objet de mise en scène par excellence. Eka et Natia privilégiera pourtant tout du long la fraîcheur inentamée de ces adolescentes, leur inadaptation physique à des situations aussi extrêmes que la manipulation d’un flingue, la défiance d’une autorité (adulte, sociale, patriarcale) dont la prégnance les insupporte. De tout cela, nous parlerons longuement lors de la sortie de ce très beau film, le 27 novembre.

Eka et Natia, Nana Ekvtimishvili et Simon Groß, avec Lika Babluani, Mariam Bokeria, Géorgie, 1h42.

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