Superman, arme de promotion massive ?

Ça n’est qu’une fois arrivé dans la salle bondée du Pathé Quai d’Ivry que la révélation m’est apparue, comme une question absurde : qu’est-ce que je fous là ?

Je n’aime pas vraiment Superman, j’ai détesté 300 au point d’haïr son réalisateur et je sais pertinemment que la 3D me fait mal aux yeux. C’était de l’IMAX 3D – les conditions idéales qu’Ils disent -, il était certain que j’allais finir le film avec six points en moins à chaque œil.

Qu’est-ce que je foutais là ?

Quelles sont ces images magiques qui me poussèrent dans ce siège, aux côtés de cet être étrange si peu préoccupé par son préoccupant poids qu’il se gave avec autant de discrétion que de grâce d’un pop-corn à l’odeur discutable ? Ce ne sont pas là des images que j’ai regardées c’est certain, j’en aurais souvenir, je ne les aurais donc que vues, pernicieusement subies. Je serais de ces victimes du marketing qui tombent des nues, moi le communicant de métier. Une victime de mes diaboliques homologues, parvenus à me créer un surmoi chelou, amateur de Superman et de pop-corn.

Car me voilà maintenant assis à côté de mon nouvel ami, à discuter Klingon autour d’un nouveau pot de pop-corn, décoré aux couleurs de Moi, Moche et Méchant 2. J’ai mis mes lunettes 3D sur mon nez et raconte à qui veut bien l’entendre mon aversion pour cette technologie qui, suis-je fier de ma formule, « devrait me faire perdre six points à chaque œil ». Passée la tranche de rire due à cette saillie humoristique et seulement à moitié fausse (3 points, en vrai) vient le moment d’une prise de conscience générale. « Mais oui, tu as raison au fait, nous aussi avons mal aux yeux avec la 3D. » La salle s’émeut, s’affole et se pose la question de sa présence ici, pendant que la pub Magnum avec la super belle meuf qui suce son esquimau phallique nous ordonne de nous ruer à la buvette, parce que le film va bientôt commencer.

A sucer notre Magnum de concert, discutaillant du tant attendu Moi, Moche et Méchant 2« pourtant, je n’aime pas les dessins animés » -, on en oublierait presque les publicités suivantes, nous vantant les mérites du tout nouvel ordinateur Dell (dans lequel depuis, d’ailleurs, j’ai investi, et dont je ne suis pas du tout déçu).

Qu’est-ce que je foutais là ? me répété-je

Il y avait bien ces affiches, dans le métro, ces premières critiques, parfois méchantes, parfois gentillettes, jamais vraiment dithyrambiques en fait. Il y avait eu ces publications Facebook sur des pages de partenaires et dans les statuts de gens impatients de voir le film, ces pubs à la télévision, ces rediffusions de précédents Superman, ce battage médiatique autour d’un casting prestigieux, d’une image somptueuse, de la 3D utilisée comme jamais, de Christopher Nolan aux commandes, ce papier de Gaël Martin dans Cinématraque, cette bande-annonce sur Allociné, ces interviews au Grand Journal, mais rien de plus. Personne ne m’y avait forcé, personne ne m’avait conseillé directement d’aller voir, le jour de sa sortie, ce blockbuster en IMAX 3D, quitte à louper le dernier métro et à devoir rentrer à pied.

Le film s’est terminé, c’était lamentablement moyen, jamais transcendant, jamais trop chiant. J’ai dormi un peu, la séance de 22h30, c’était une mauvaise idée. Ça n’est définitivement pas le genre de film à me passionner, c’est certain. Je suis plus du genre à aimer Moi, Moche et Méchant 2, moi.

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