En France, tout comme dans les festivals occidentaux, Johnnie To est adulé pour ses polars d’une maitrise toute mathématique et pour son regard neuf sur le genre. En Chine, Johnnie To est synonyme de bouffonnerie et de comédie, parfois romantique, le plus souvent scatologique. Producteur, Johnnie To voit dans ses comédies à l’humour gras un fabuleux moyen de financer ses polars et d’en conserver la maîtrise artistique et financière. Avoir l’occasion, comme cette année à Cannes, de connaitre l’autre visage de Johnnie To est assez exceptionnel en France. Si Cannes est – aussi – un festival cinéphile, c’est parce qu’il permet de confronter les spectateurs à des films moins glorieux et pourtant souvent intéressants de cinéastes importants.
Ainsi, la Hors Compétition avait l’année dernière fait honneur à Dario Argento en projetant Dracula 3D, loin d’être son meilleur film. Blind Détective est donc de ces films imparfaits. S’il se révèle décevant, il permet malgré tout de mieux comprendre l’économie du cinéma de Johnnie To. Car c’est d’ordinaire via le téléchargement illégal que l’on peut compléter notre connaissance de la filmographie de certains auteurs internationaux, mal distribués en salle. Ceci dit, Blind Détective est loin d’être un grand moment de cinéma et, à l’image du médiocre Triangle (film à sketches co-réalisé par Tsui Hark et Ringo Lam), il fait partie des bouffonneries les moins réussies de Johnnie To.
Blind Détective, de Johnnie To, avec Andy Lau, Sammy Cheng, Hong-Kong, 2h07.