En mai dernier, j’étais au festival de Cannes. J’y ai vu de nombreux films. Le Samedi, pour concilier le Shabbath et le festival, je me suis fait une sélection de films « un peu juifs », histoire de ne transgresser qu’à moitié. J’y ai vu Alyah, auquel on peut reconnaître, malgré de gros défauts, une certaine audace. Les films français juifs, c’est pour le meilleur et pour le pire. J’ai vu le film d’Alexandre Arcady, ses 5 doigts de la main qu’on devrait lui mettre dans la gueule. Quelques années avant, j’avais vu Mensch, et je m’étais dit : « Plus jamais ça ». Pour ce festival de Cannes 2012, et pour goûter à la Semaine de la critique, je suis allé voir « Les Voisins de Dieu », un film israélien.
J’ai été conquis par ce premier film d’un jeune réalisateur, Meni Yaesh. Comme quoi, le cinéma juif, il vaut mieux aller le chercher à la source. Assez bavardé, je m’apprête à me livrer à un exercice assez périlleux, c’est-à-dire écrire la critique d’un film vu il y a 10 mois. Rendez-vous compte, j’aurais eu le temps de porter un enfant entre le moment où j’ai vu le film et celui où j’écris cette critique. J’essaie quand même, car j’ai envie de défendre ce film.
Avi,Kobi et Yaniv fréquentent la communauté breslev de Bat Yam. Très pratiquants ils sont plus attirés par une forme de prosélytisme joyeux que par l’éxegèse talmudique et biblique. Comme beaucoup de membres de la communauté Hassidique de Breslev, ils aiment parcourir les rues et chanter leur amour pour Dieu afin de le transmettre. Un aperçu ici :
La vie de ces jeunes bascule un soir de chabbath, quand d’autres jeunes choisissent délibérément de briser le silence de ce jour sacré en se rendant dans un quartier religieux pour y mettre la musique à fond, par pure provocation. Avi, Kobi et Yaniv essaient de leur dire d’aller ailleurs, mais cela dégénère et ils finissent par se battre. Dès lors, une fois entrés dans l’engrenage de la violence, ils ne cessent d’intervenir pour faire respecter la religion dans leur quartier. Pour Kobi et Yaniv, cela devient maladif. Ce que le réalisateur parvient à montrer dans cette descente aux enfers, ce sont les failles et la fragilité des personnages. Un peu à la façon du personnage joué par Al Pacino dans Scarface, ou encore celui joué par Robert De Niro dans Raging Bull. La réalisation, elle aussi, est inspirée des grands maîtres que sont Scorsese ou Tarantino. Du rythme, de la vraie violence chorégraphiée (avec du sang), un jeu de plongées et contre plongées. La musique, inspirée à la fois de techno et de musique arabe, donne une dimension clippesque à ces scènes de combat, l’ensemble étant contrebalancé par des scènes de dialogues et de rencontres pudiques entre Avi et Miri (on pense encore, ici, au Scorsese des Affranchis, qui fait rimer violence et romance).
Avi est pris de sentiments partagés pour Miri, qu’il croise régulièrement dans son quartier. D’un côté, il tombe amoureux, mais sa pratique religieuse lui interdit de l’embrasser ou de la toucher ; de l’autre coté, il voudrait qu’elle soit comme lui, qu’elle respecte le chabbath et qu’elle s’habille avec un peu plus de pudeur. Ces deux personnages apprennent finalement à s’aimer, chacun consentant à la différence portée par l’autre. Elle, l’acceptant comme religieux, et lui, l’acceptant comme non religieuse. Et c’est ce qui sauve Avi de la spirale infernale dans laquelle il est entré. Ce film est particulièrement juste, car il parvient à montrer à quel point la violence envers les autres peut être dirigée contre soi. Les personnages sont persuadés que cette violence, c’est le bien, qu’elle est nécessaire pour préserver un mode de vie devenu pour eux un modèle de vie. Mais ils ne se rendent pas compte que s’il n’y parviennent pas, c’est à cause d’eux-mêmes, et non à cause d’éléments extérieurs. Seul Avi sera sauvé, et ce grâce à Miri, celle qui parvient à la fois à lui dire non et à l’apprécier tel qu’il est (comme le gamin de Il était une fois dans le Bronx de Robert De Niro).
Si le film est aussi réussi, c’est aussi parce que le réalisateur parle de ce qu’il connaît. Il est né et vit dans le quartier qu’il décrit. Il est resté relativement pratiquant, il a connu ces bagarres urbaines, qui font que certains quartiers d’Israël font penser, une fois encore, à Il était une fois le Bronx » – sans la mafia. Il est tellement facile d’écrire des histoires et de faire des films sur ce que l’on rejette. Cependant, la justesse ne s’obtient, selon moi, que si l’on arrive à comprendre le conflit, qu’il soit intérieur ou extérieur.
Les Voisins de Dieu, de Meni Yaesh, avec Roy Assaf, Gal Friedman, Itzik Golan, France / Israël, 1h34.
Oh là Jérémy! Méga décevant ton film…
Seul le titre est ronflant, voire prometteur; le reste est basique, banal, digne d’un téléfilm à forte teneur de déjà vu, pour adolescents.
Pas d’histoire, pas d’acteurs, pas d’enjeux, trop peu d’émotions pour beaucoup de bruit. Sur la pallier du Seigneur on peut faire un film avec trois fois rien, ya pas de lumière à tous les étages alors on fait dans la pénombre de l’a peu près.
Tout est négocié au rabais : la religion devient de la musique de Brasslav appréciée à l’aune de l’herbe qui l’accompagne, la Foi devient la baston qui se justifie pour la défendre, la prière et l’étude de la grosse rigolade amicale avec des potes et un rabbin super cool…
Les dialogues se résument à quelques onomatopées inspirés ponctués de frappes dans le dos ; génial, cool, top-super, « maksime », « al akefak »…
Et puis l’amour, c’est la super romance entre le type qui vend des légumes et la meuf qui vend des pizzas ; voilà pour le croustillant. Tu m’étonnes qu’au bout du monde, tout juste à gauche dans un trou paumé d’Israël qui ne ressemble à rien, les jeunes aient envie de se battre pour avoir l’impression d’exister de manière un peu plus virile.
La simplicité ne peut être une recette qu’a dire des choses complexes et fortes. Pour dire la banalité du quotidien elle prend vite des allures de simplisme.
Oh « les voisins », qu’il y ait Dieu sur votre pallier ou pas, renvoyez l’ascenseur, on veut monter un peu plus haut pour voir…