[L’image de l’année] De Florange à Hollywood

S’il fallait garder de 2012 une image, un plan, un photogramme : les rédacteurs de Cinématraque se prêtent à l’exercice.

Les trois lettres ont été accrochées sur les hauteurs de la vallée de Hayange, au-dessus de Florange, en octobre 2011. Trois lettres de ce signal de détresse, · · · — — — · · ·, le témoin sonore du début de la pellicule, prenant toutes ses couleurs, la nuit, sous le patronage de la Vierge, voulant coûte que coûte nous conter la probabilité d’une fin, l’histoire d’une ville, de ses ouvriers, du dernier haut fourneau de la vallée de la Fensch.

La configuration n’est pas sans me rappeler les collines de Hollywood. Deux histoires qui ont comme mot commun l’industrie. Mais dans le cas de Florange, c’est une alerte typographique, alors qu’à Los Angeles, c’est l’assise géographique d’un empire.

Florange risque de devenir le plateau de tournage de Silent Hill. Une ville fantôme, où l’on pourra entendre la sirène qui fera renaître les âmes tourmentées de l’histoire sociale. Une ville qui n’aura plus d’histoire, où trois lettres rayonneront sur la vallée de l’acier, dans le rouge du four. Le jour où ils voudront éteindre la veilleuse de l’usine. Elle sera occupée, à cette occasion, seule histoire qui intéresse le flot de l’actualité. Deux ou trois minutes aux infos le soir, un patron qui a des sueurs froides lorsquue l’on dit « nationalisation », des croissants dans les bras d’un ministre, un autre – Jean-Marc Ayrault – qui dit non, un patron qui respire et des ouvriers qui n’ont plus rien, ou si peu. Dans la nuit, dans l’absence du bruit de l’usine, ils tournent leurs yeux vers les hauteurs, le regard humide et les poings serrés.

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