Je viens d’une famille France Inter Télérama.

Autant vous avouer qu’à la maison, je n’avais jamais entendu chanter Cloclo.

Chez nous c’était Brel, Gainsbourg, Ferré , Renaud et Le jeu des mille francs.
Dalida, Sardou, Johnny, TF1 et Cloclo, c’était pour les clodos.

La première fois que j’ai entendu Claude François, c’était à une surboum : j’ai alors pensé qu’il était un chanteur pour les cools, puisqu’il faisait danser tout le monde.

Moi qui n’aimais que lire et parler parce que j’étais moche, j’ai continué à ne pas l’aimer.
A cette époque, j’avais des lunettes, un appareil et je pesais 45 kg pour 2m13 : j’avais de fait eu 20/20 en dissertation en recopiant toutes les paroles du 
mal aimé, jamais des oui dans la marge ne m’auront autant faite jubiler.

Et oui, j’ai eu moi aussi 17 ans.

Puis Cloclo est réapparu dans ma vie de manière moins dansante : c’était lors de ma première année d’enseignante.

La leçon portait sur Clovis et je me souviens avoir dicté à mes élèves : « Clovis, dit Cloclo ».

Sur les contrôles de mes trente élèves, Clovis n’était plus un roi mérovingien mais Cloclo, ça n’a pas plu aux parents, mais je sais aujourd’hui qu’aucun roi n’aura plus marqué ces élèves de CM1.

J’aime Jérémie Renier : fan des frères Dardenne, j’ai suivi toute sa carrière, jusqu’à aimer Potiche de François Ozon, dans lequel il jouait.

Cloclo est une biographie de Claude François, de sa naissance à sa mort.

C’est donc interminable, et je me suis retenue d’aller aux toilettes pendant la dernière heure, dans le seul but de vous contenter, chers lecteurs.

Je vous épargne la vie de Claude François : sa misérable enfance en Egypte auprès d’un père mort sans avoir pu être fier de son fils, son amour pour sa «mamma», ses débuts comme batteur, ses histoires de coeur de la brune perdue aux blondes pas gagnées, son amitié avec Paul Lederman (Benoît Magimel, dans une mauvaise imitation d’Enrico Macias) parce qu’il fait beau et que vous la connaissez déjà.
J’en viens donc à l’essentiel : mon avis.

Jérémie Rénier est fabuleux : il danse bien, sue bien, pleure bien, est parfait en jaloux maladif, en mégalomane flamboyant, en tombeur de ces drames, en maître de tout ce qui l’entoure, sauf de lui. Même obsession du détail que moi, même jalousie, même narcissisme, même quête du père dans chacune de ses conquêtes, même mèche aussi tiens.

Jérémie Rénier sauve 2 heures 28 de : Je t’aime-je suis jaloux-je te contrôle-tu ne veux pas-je te quitte-j’écris une nouvelle chanson-je suis encore plus une star multiplié par 233. C’est en tous cas l’impression que j’ai eu, tellement j’avais envie d’aller aux toilettes.

Mais j’ai battu le rythme à chacune des chansons, eu envie de danser avec les claudettes, j’ai pleuré avec lui chacune de ses ruptures, les miennes ont été les mêmes.

Pourtant, à sa mort, j’étais heureuse : enfin les toilettes.

Cloclo m’a tellement marquée que je vais prendre un bain.

Pardon papa, pardon maman.

About The Author

2 thoughts on “Cloclo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.