Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? – Capitaine Acab

Avant de désigner la chanteuse punching-ball des humoristes en mal d’inspiration, les trois lettres ZAZ servaient à désigner un trio de petits rigolos du cinéma américain : Jim Abrahams accompagné de David et Jerry Zucker. Connus pour leur chef d’œuvre Y a-t-il un pilote dans l’avion ? (Airplane !)  le trio a également lancé une série à succès « Police Squad ! » qu’ils ont adaptée en film en 1988.  Et c’est de ce film que nous allons parler, dans cet hommage de Cinématraque à la reine Elisabeth II, car vous savez que chez nous, s’il y a bien un truc qui nous intéresse, ce sont les familles royales.

Parodie des cop shows à l’américaine Y-a t-il un flic pour sauver la reine ? plante le décor dès son introduction devenue culte. L’indépassable Leslie Nielsen y tabasse à mains nues les dirigeants des pays voyous habituels : Yasser Arafat, Gorbatchev, Gadhafi, Amin Baba, avant de partir de la pièce et de laisser place à un formidable générique. Pas de doutes, on est sur du classique.  L’humour des ZAZ a profondément modifié la façon dont on pouvait concevoir la comédie au cinéma. Et si leur nom n’est pas extrêmement connu en France, leur filiation avec l’une des meilleures comédies de notre beau pays est évidente. Je parle évidemment de La Cité de la peur qui reprend directement certains gags de The Naked gun (il est trop long le titre français). Ainsi on y retrouve un dialogue aux sous-entendus sexuels grossièrement explicites entre le flic et la principale protagoniste féminine qui inspirera le fameux dialogue Darmon/Lauby.

RIP LA REINE

Vous imaginez bien que ce n’est pas la peine de s’attarder sur le scénario du film : un flic qui essaye de blanchir son partenaire (joué par… hum… OJ Simpson…) et finit par déjouer un complot contre la reine. L’important n’est pas ce qu’il se passe mais comment l’intrigue se construit sur l’ensemble des références dont elle se joue. (James Bond, The Manchurian candidate, Dirty Harry, …). En s’ancrant dans ce qui est le plus familier pour le spectateur, le film peut se concentrer sur sa panoplie de gags. Et il ne lésine pas sur les moyens, chaque plan, chaque réplique semble cacher une multitude de blagues. Ce débit mitraillette permet d’oublier rapidement celles qui nous font moins rire, immédiatement effacées par une idée de génie.

Ce pervertissement des habitudes d’Hollywood ne sert pas uniquement de décor à des gags burlesques ou visuels irrésistibles. Il dresse en effet, mine de rien, un portrait particulièrement acide de la police américain tirant sur tout ce qui bouge. Leslie Nielsen incarne un inspecteur Harry totalement inconscient des conséquences de ses actes. La police fait d’ailleurs plus de dégâts dans le film que n’importe quel autre voyou. Les accidents de voiture à chaque arrivée du héros sur place symbolisent parfaitement que les forces de l’ordre constituent la principale menace pour les concitoyens. Que dire de cette réplique, glaçante aujourd’hui, du personnage principal qui en rendant son badge soupire « et dire que la prochaine fois que je vais tuer quelqu’un je vais me faire arrêter… ».

Revoir The naked gun en 2022 reste donc un plaisir. Évidemment, l’humour ne touchera pas tout le monde et le rythme du film est un peu inégal quand les gags ne suffisent plus à rattraper la parodie de scénario. Mais le génie comique est là et a l’avantage de se reposer sur des gags atemporels. Ajoutez à cela un portrait de la police bien plus lucide que bien des films actuels (petite pensée pour Jimenez) et vous obtenez un classique de l’humour.

Y a-t-il un flic pour sauver la reine ?, un film de David Zucker avec Leslie Nielsen et Priscilla Presley (fille de), disponible sur Ciné+

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