Les goûts et les couleurs : un air de rien

Pour son nouveau film, Michel Leclerc, le réalisateur notamment du Nom des gens, continue de creuser la veine de la comédie romantique avec Les goûts et les couleurs. Cette fois-ci, il teinte son film d’une forte dimension musicale allant jusqu’à écrire les paroles des chansons qui sont au cœur du film.

En effet, l’histoire s’intéresse à Marcia (Rebecca Marder), jeune chanteuse parisienne branchée et bisexuelle, qui convainc une vieille chanteuse à la retraite (Judith Chemla) de réenregistrer un album avec elle. Malheureusement, celle-ci meurt sans laisser les droits de l’album à sa nouvelle amie. Marcia doit donc demander l’autorisation à Anthony (Félix Moati), un plouc de province.

Bon vous voyez déjà le tableau. Tout les sépare… et pourtant ! On est sur du cinéma extrêmement balisé. Malheureusement, le scénario n’arrive jamais à justifier le recours à de tels clichés d’écriture. Les évolutions des personnages ne sont pas très crédibles, certains revirements tombent comme un cheveu sur la soupe et tout semble très artificiel. Difficile de s’attacher donc à l’histoire d’amour qui lie ces deux personnages, car le film ne se donne jamais la peine d’essayer de nous faire comprendre la raison de ce coup de foudre. L’alchimie ne prend pas et on reste totalement détaché de qui leur arrive. Cela est sûrement dû à un problème de rythme. Le film ne s’attarde pas assez sur ses personnages et ce qu’ils ressentent, cherchant plutôt à nous mener à toute allure sur son chemin tracé d’avance.

Guy rousse

C’est d’autant plus dommage que Les goûts et les couleurs n’est pas dépourvu de qualités. Judith Chemla s’amuse beaucoup dans un remake de Guy d’Alex Lutz. Les acteurs sont très attachants et l’adage qui dit qu’on doit tomber amoureux des deux protagonistes d’une comédie romantique peut être facilement respecté. Et surtout, l’ambiance globale du film, portée par les compositions musicales très réussies fonctionne bien. Le film réussit à nous faire croire à cette chanteuse fictive et à son répertoire. Tout cela fait des goûts et des couleurs, une honnête romcom qui vous suffira peut-être à l’approche de l’été.

Mais on ne peut pas s’empêcher de regretter la frivolité de l’ensemble. Michel Leclerc nous a habitué à un regard un peu plus fin dans ses comédies. Il y avait beaucoup de choses à dire sur les thématiques qu’il aborde dans ce film : la bisexualité, la critique de la bourgeoisie artistique, les descendants de l’immigration… Tout semble tellement survolé, qu’on ne s’accroche à rien de tangible et alors que le générique défile, on déplore un gâchis de belles intentions.

Malgré quelques qualités (qui, je le concède, suffisent à le faire dépasser beaucoup de comédies françaises), Les goûts et les couleurs laisse au final un goût de trop peu. Trop léger, trop caricatural, trop fade, il sera vite oublié. Des goûts et des couleurs, on ne discutera pas longtemps.

Les goûts et les couleurs, un film de Michel Leclerc avec Rebecca Marder, Judith Chemla et Félix Moati, sortie le 22 juin 2022

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