Infiltrator : les dealers, ces hommes de foi

Deauville s’est ouvert, comme il est coutume, avec un film costaud qui permet toujours de mettre ses habitués dans le bain d’un cinéma américain qui expose ce qu’il a dans le ventre. En somme, avec Infiltrator, véritable histoire d’un infiltré au sein du cartel de Pablo Escobar, il se montre capable de très bien faire le travail même s’il ne prend pas le moindre risque. Sa plus grande qualité : un casting qui réussit à mettre en avant un Bryan Cranston toujours impérieux, une Diane Kruger impeccable en riche extravertie, et un John Leguizamo encore à même de jouer un flic à moitié ripou. Tous fonctionnent bien ensemble, Brad Furman arrivant sans peine à créer une vraie cohésion d’équipe dans cette bande d’infiltrés qui commence à paniquer face à la dangerosité de la situation. Infiltrator est un thriller assez classique, paré de quelques tics de mise en scène et d’une photographie tape-à-l’œil. Pourtant on peut souligner sa capacité à présenter certains dealers comme de vrais hommes de foi, avec une famille et des enfants dont ils aiment prendre soin, ainsi que de leurs ami(e)s. C’est dans ces relations que les questionnements émergent pour les principaux protagonistes, et rappellent l’excellent polar français Une Nuit de Philippe Lefebvre.

toujours plus réussi que Sicario

Aussi, étant donné qu’il est tiré d’une histoire vraie, le film aime à donner gentiment son opinion — sans pour autant ne jamais critiquer le sujet dont il parle — par des petits textes en fin de métrage. Oui, le gouvernement américain a le nez fourré dans ces histoires, eh oui, c’est hypocrite. Mais le dire ne change pas grand-chose si l’œuvre en question ne fait que narrer les faits. Ce n’est donc pas avec Infiltrator que vous trouverez encore le thriller narcotique qui a des choses à démontrer. Le film aime à tirer son épingle du jeu en appuyant sur le sensationnel (l’infiltré en question est bien vivant, et regardait Infiltrator, incognito, avec nous dans la salle), mais n’a pas grand-chose d’autre à offrir. Il sera, ceci dit, toujours plus réussi que Sicario l’an dernier, qui se targuait d’avoir une approche documentaire quand il ne faisait que mettre en scène l’horreur des cartels pour servir son sujet. Si vous êtes fan de Bryan Cranston, cela devrait faire l’affaire.

Infiltrator de Brad Furman, avec Bryan Cranston, Diane Kruger, John Leguizamo, Amy Ryan et Benjamin Bratt. Sortie le 7 septembre 2016. 2h07

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