The Human Centipede 2 (Full Sequence)

Mon double-programme de ce samedi : Danse avec les Stars suivi de The Human Centipede II (Full Sequence). C’est un peu comme si, après avoir passé l’après-midi dans un salon de thé avec tantine à vous repaître de macarons, tous les convives et votre aïeule se mettaient subitement à vous vomir des geysers de sang et de merde à la gueule. Ce qui n’est pas vraiment le signe d’une bonne fin d’après-midi.

Jusqu’à ce que Cinématraque ne m’assigne ce sequel, The Human Centipede et moi, c’était une affaire classée. J’avais vu le film lors de sa sortie, appâté, en bon fan de cinéma de genre que je suis, par un pitch WTF bien putassier. Au final, j’avais surtout assisté à un nanar flemmard, se contentant de broder un survival vaguement choc autour d’un argument aguicheur. Je dis « vaguement choc » puisque je n’en ai gardé aucune trace traumatisante. Je n’aurais donc jamais vu la suite si Cinematraque ne m’y avait pas contraint en me menaçant de me faire regarder en boucle Belles Familles. Je suis malgré moi passé des têtes-à-têtes sur le parquet ciré aux bouches à culs sur le sol défoncé.

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Ce deuxième volet commence par les ultimes plans du premier. Lorsque le générique final apparaît, une mise en abyme s’amorce et nous entraîne dans le cagibi d’un gardien de parking, dont l’œil torve est encore empli de la jouissance des atrocités qu’il vient de contempler. Pour situer, le type ressemble à un croisement de Jean-Pierre Coffe et de Gollum. Le fanboy, prénommé Martin, ne se limite pas au cosplay (il aime par moments enfiler une blouse blanche comme celle du Dr Heiter), non, il envisage d’imiter son héros en réalisant un mille-pattes humain composé non pas de trois, mais de douze cobayes.

Cette suite a beau être en noir et blanc, elle annonce la couleur : tout sera dans la surenchère par rapport à l’original. J’en suis venu à regretter de ne pas m’être tapé une seconde, voire, une troisième fois le Rappeneau.

La nouvelle fournée archi-provoc commence par une heure d’ennui. Les scènes répétitives de captures – Martin agresse les clients du parking qui ont la mauvais idée de traîner dans les parages au milieu de la nuit – sont entrecoupées de séquences montrant l’amoureux des mille-pattes subir le harcèlement psychologique de sa mère, se faire reluquer le cul par un sosie du Dr Harold Shipman ou se masturber en enserrant son pénis dans de la toile émeri (!). Martin s’exprime uniquement avec de petits grognements ou des rires nerveux, son regard pataud s’éclaire régulièrement d’une lueur de folie, et, sa passion, c’est de trimballer son corps lourd et son asthme dans les lieux les plus crasseux possibles. Le tout est nappé par une bande son entre grondements sourds et grincements de tôle. En gros, ça ressemble à un pastiche ultra-déviant de Eraserhead.

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L’arrivée de Ashlynn Yennie, actrice du premier volet censée, dans cette suite méta, incarner son propre rôle, donne le coup d’envoi d’une dernière ligne droite tout en « dégueulasserie ». Martin veut placer la comédienne, qu’il a piégée en lui faisant miroiter une audition pour le prochain Tarantino, à la tête de son mille-pattes de chair humaine. Son statut de star ne va pas l’empêcher de passer un sale quart d’heure. À la 54e minute, Martin commence par casser, l’une après l’autre, au marteau, les dents d’une de ses victimes, sans que nos yeux puissent se réfugier dans le hors-champ. Ce n’est là qu’une mise en bouche car suivent une langue coupée, des genoux incisés, des tendons sectionnés, une fesse charcutée, des lèvres agrafées… Il semble loin, le fox-trott de Djibril Cissé. Plat de résistance : le tortionnaire passe à la vitesse supérieure en injectant du laxatif à chacun des malheureux. Au cas où les éructations, flatulences et autres bruits d’éviers qui se vident ne suffiraient pas, une entorse est faite au noir et blanc puisque l’objectif de la caméra se laisse moucheter d’un marron du meilleur goût. Et pour parachever le tout, Martin s’entoure le sexe de fil barbelé avant de violer la femme placée en queue de son mille-pattes. Je vous épargne l’accouchement et la mise à mort de tout ce petit monde, mais vous avez compris l’état d’esprit…

The Human Centipede II (Full Sequence) n’a donc aucun intérêt si ce n’est qu’il répond, par l’absurde le plus gore, aux esprits chagrins qui dénigrent les films d’horreur en assurant qu’ils peuvent inspirer aux âmes les plus fragiles les crimes les plus affreux. Un bon gros « fuck » certes, mais qui n’est pas pour autant défendable. Du pur opportunisme qui, sur le plan cinématographique, ne casse pas trois pattes à un canard. Ou à un mille-pattes. Et ça, même Jean-Marc Généreux n’achète pas !

Pour ceux à qui ceci n’aurait pas coupé l’envie de voir la bande-annonce

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