La Vie rêvée de Walter Mitty : un conte moderne

Après le déjanté Tonnerre sous les tropiques, Ben Stiller revient avec une comédie fantastique enthousiasmante. Remake d’un film de 1947, tiré d’une nouvelle de l’américain James Thurber, La Vie rêvée de Walter Mitty, le cinquième long métrage de Ben Stiller se déploie selon une intrigue simple : suivre la vie d’un homme ordinaire, disons même banal.

La seule particularité de Walter, la même que beaucoup d’entre nous, c’est cette capacité à imaginer à un moment T de son quotidien que tout pourrait être différent si seulement … Imaginons que votre supérieur hiérarchique se mette à vous houspiller, un bout de salade coincé entre les dents, et que, contrairement à votre habitude, au lieu de baisser la tête, vous riiez de bon cœur. Ou encore, qu’au lieu de laisser filer ce bel et sombre inconnu assis depuis 15 min dans le même métro que vous, vous le rattrapiez au vol au moment de sa presque échappée… Oui, la vie serait complètement différente. La vie de Walter Mitty, c’est ça : une série d’actes manqués, le conte d’une vie rêvée.

Walter est donc un employé fantomatique du magazine Life, autre victime de la crise de la presse écrite, embarqué dans une dernière aventure à la recherche d’un cliché perdu. Sous l’aura d’un mystérieux Sean O’Connell (Sean Penn), Walter va s’épanouir au travers d’une quête initiatique sans limite menée tambour battant, si bien que souvent on ne parviendra plus à distinguer le rêve de la réalité.

La vie de Walter prend donc son envol, de façon assez jubilatoire d’ailleurs, quand pour vivre enfin, il cesse de rêver, de subir les autres et le monde ; pour enfin s’accomplir en tant qu’acteur de sa propre vie. Un vrai héros en somme.

A travers un coup de foudre contemporain, dirigé vers la très jolie Cheryl Melhoff (Kirsten Wiig), Walter/Ben, véritable caméléon, va traverser le monde et le film à la façon d’un équilibriste entre comique bien dosé et cœur tendre. Ben Stiller nous offre une prestation sans cynisme aucun, digne d’un Jim Carrey au temps de The Truman Show et d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind.

Poétique et visuellement bluffant, La Vie rêvée de Walter Mitty est le genre de film qui vous prend par la main et vous transporte dans son histoire, en partageant avec vous une vision du monde qui embrasse tous les possibles.

La Vie rêvée de Walter Mitty, Ben Stiller, avec Ben Stiller, Kristen Wiig, Shirley MacLaine, Etats-Unis, 1h54.

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3 thoughts on “La Vie rêvée de Walter Mitty : un conte moderne

  1. Bonjour,
    Je sors du film. Je trouve votre critique très belle, mais j’ai un ressenti différent.
    Visuellement je ne trouve pas ça beau du tout. En particulier les séquences de « vie rêvée ». Quant aux scène de nature, en Islande, Groenland, sur l’océan, tout est fait pour impressionner et pour cette raison je suis resté à l’écart.
    J’ai trouvé les dialogues faibles et téléphonés (le coup du portefeuille à la fin… « Tu pourras mettre ça dans ton portefeuille », « Mais je n’ai pas de portefeuille » etc).
    La découverte de la couv de Life à la fin… Hymne à Ben Stiller grotesque (comme la scène où on le compare physiquement à un mélange de chanteur rock et d’Indiana Jones…). Pourquoi pas mais il faut des qualités d’écriture pour ça.
    Le propos, l’enjeu du film, tout est si évident et simple (et pas d’un magnifique simple).
    Je sais qu’internet favorise les conversations houleuses, je précise donc : je ne m’en prends pas à votre critique, belle et respectable. Simplement j’exprime mon opinion sur un film que j’estime très mauvais.
    Vous citez des films en référence. Ils sont infiniment meilleurs de mon point de vue.
    Cordialement,
    Martin
    et bonne année

    1. Bonjour Martin,

      Excusez le temps pris à vous répondre. Je vous remercie d’abord de m’avoir lu et d’avoir commenté à votre tour ce drôle de film. Comme vous le dites bien justement c’est une histoire de ressenti. Tout au long de cette semaine j’ai eu des retours très divers sur le film : certains appréciant sa fraicheur et son ton enlevé, d’autres, au contraire, plus dubitatif quant aux qualités que je lui défendais. Je vous accorde aisément que Ben Stiller ne fait pas dans la subtilité (que demander d’autre au réalisateur de Disjoncté ou à l’acteur de Mary à tout prix), pourtant ce film sans prétention me touche car son message est simple : il faut continuer de vivre, de tendre vers le monde et les autres. J’emprunte alors la réflexion d’un ami qui commentant la virtualisation des échanges dans le film affirme que si elle apparait comme une distance au monde a priori, le film nous dit en substance que le virtuel peut aussi être une passerelle vers le monde – tout comme le rêve. Partant, je n’y ai pas vu un hymne à Ben Stiller mais bien plutôt la révélation d’un héros ordinaire.
      Meilleurs vœux à vous aussi pour cette nouvelle année que j’espère rien en Cinéma,

      M.

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