[L’image de l’année] 5 caméras brisées : une balle, un objectif

S’il fallait garder de 2013 une image, un plan, un photogramme : les rédacteurs de Cinématraque se prêtent à l’exercice.

La caméra numérique, tenue à la main, au tremblement accentué par le zoom poussé à son maximum, ainsi que par l’adrénaline libérée dans les veines du reporter/réalisateur, cadre un soldat israélien, accroupi le long de la fameuse « frontière » venue redécouper, avec une sorte de malice absurde, les terres des paysans palestiniens. Aux côtés du réalisateur, une poignée de villageois venus manifester pacifiquement contre le passage prochain du mur de séparation à travers leurs champs. En face, les quelques soldats chargés de « contenir » cette manifestation des plus humble. Le soldat s’accroupit, se met en joue, et vise l’appareil… L’instant d’après, la caméra se coupe, l’image passe au noir : la balle a atteint son objectif. Cette caméra, brisée donc, est l’une des cinq qu’il aura fallu à Emad Burnat pour achever son film, témoignage sur plusieurs années d’une lutte inéquitable et sans fin. Elle lui a, probablement, sauvé la vie ce jour-là ; et a enregistré l’une des images les plus violentes que le cinéma nous ait jamais montrées : un vrai coup de feu, droit sur le réalisateur, droit sur le spectateur.

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