Cycle cinéma & homosexualité : pour un cinéma pour tous

Hier a eu lieu, dans le vacarme médiatique propre à l’époque (le caractère privé des affects et des orientations sexuelles, décidément la grande victime d’une sphère publique se rêvant sans angles morts) le premier mariage entre personnes du même sexe.

L’homosexualité au cinéma, donc : plutôt de que rebondir à bon compte sur un débat sociétal, d’exploiter un filon porteur – mais aussi passablement réducteur –, le cycle que nous entamons aujourd’hui se veut moins un retour sur ce qui, récemment, aura agité la rue – avec une virulence étonnante, en regard de la relative aisance avec laquelle des lois semblables ont été récemment votées en Espagne ou au Portugal –, qu’une évocation, nécessairement incomplète et subjective, d’oeuvres qui, au fil des années, au gré des époques et des sociétés qui les auront vues naître, se seront attelées au sujet. Où s’affirmera donc le souci de fuir le tout-sociétal, de ne pas demeurer le nez collé à l’actualité, puisqu’une oeuvre, en vérité, ne vaut qu’en tant qu’elle excède son époque, et s’adresse à un spectateur qui, sans doute, n’est pas encore né ; qu’en tant que s’y affirme, par-delà ce que l’époque y imprime, la souveraineté d’un geste, la singularité d’une vision.

Les films de notre cycle sont, vous le constaterez, des histoires d’amour, de jalousie, de séparation ; des histoires de corps, aussi, comme peut l’être La Vie d’Adèle, Palme cannoise à laquelle on ne peut souhaiter qu’une chose : qu’elle échappe à une lecture exclusivement contextuelle. « Le film d’un tunisien avec deux lesbiennes, c’est du propre ! » s’offusquait une cannoise au lendemain du palmarès. Non, madame, il n’y a évidemment pas lieu de s’offusquer. Pas plus que de se réjouir, d’ailleurs : La Vie d’Adèle ne servira pas de support à une version contemporaine des Dossiers de l’écran, et c’est heureux. Le dévoilement de sa beauté intrinsèque et, on le devine déjà, atemporelle, devrait être, une fois l’actualité essorée (pour cela, comptons sur i>Télé et consorts : rions d’ores et déjà de leurs envoyés spécieux, plantés comme des santons devant la mairie de Montpellier, experts en remplissage après l’avoir été, sur tant d’autres sujets, en vaines polémiques : « Ecoutez, je crois que les mariés sont en train de découvrir la pièce montée ! » – quelle information cruciale), le seul projet d’une critique digne de ce nom.

Hétéro, gay, lesbien, bi ou trans : au-delà de la thématique de notre cycle, nous parlons bel et bien d’un cinéma étranger aux logiques de chapelle, qui s’adresse à tous et à chacun.

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