Sans un bruit 2 : sans la fureur ?

N’en déplaise à DZBIZ et sa plume légendaire, Sans un bruit n’est pas nul du tout. Le premier volet, signé du célèbre John « j’ai épousé Emily Blunt j’ai déjà gagné la vie » Krasinski contait la survie d’une famille dans un monde envahi par des créatures monstrueuses, à l’ouïe très développée mais aveugles. Le spectateur pouvait alors découvrir tous les stratagèmes mis en place par la débrouillarde famille Krasinski/Blunt (mettre en scène leur couple devant la caméra histoire de nous rendre bien jaloux, bande d’enflures) pour vivre le plus normalement possible au cœur du danger permanent. Loin d’être un film d’horreur, dont il empruntait finalement le bestiaire et rien d’autre, il s’agissait d’un film d’action efficace aux thématiques appuyées mais pas déplaisantes (Krasinski a un côté vieille Amérique patriarcale, il aime bien les histoires de darons dévoués à ses gosses) et de la jolie découverte d’une actrice sourde, Millicent Simmonds.

Rien ne semblait indiquer la possibilité d’une suite, mais vous connaissez le dicton Hollywoodien : « l’argent, c’est de l’argent », et le carton conséquent du film aura donc poussé l’équipe à signer pour un nouveau volet, cette fois uniquement écrit par Krasinski (il avait repris un spec script sur le premier) et toujours produit par la boîte de Michael Bay, Platinum Dunes. Et comme le film Sans un bruit 2 devait sortir en 2020, nous l’avions vu en projection presse il y a de cela maintenant plus d’un an ! On se souvient avec émotion des affiches pour le film daté en mars 2020 dans les rues désertes de Paris lors du confinement…

Nous sommes donc retournés le voir en 2021 histoire de nous rafraîchir la mémoire. Mais avant de vous dire si cette suite vaut le détour, voyons voir ce que Gabin se souvient du film après sa projection presse d’il y a maintenant 15 mois.

Coucou les loulous ! Renaud me laisse m’incruster dans sa critique, et j’avoue que ça vaut mieux, puisque ma mémoire n’est plus trop ce qu’elle était plus d’un an après avoir vu le film. Vous voulez savoir le plus drôle ? J’ai vu Mulan ET Sans un bruit 2 LE MÊME JOUR ! C’était un doux moment de naïveté, où personne ne voulait croire à l’existence du Covid. Et c’était simple : tout le monde nous assurait que les films allaient bien sortir en salle quelques jours plus tard. Paramount avait sorti le grand jeu en remplissant la salle Dolby Cinéma du Pathé Beaugrenelle, avec photoshoot, interviews à la sortie, et plein de petites choses qui vont bien. Cillian Murphy, qui aurait dû venir présenter le film, a cependant senti le truc venir (ou plutôt, ses agents), puisqu’il ne s’est finalement pas rendu sur place. Peu à peu, cette image d’une salle bondée (à 100% de sa capacité) s’efface de ma mémoire.

Du film, en revanche, je garde l’idée d’une belle surprise. Et pourtant je n’étais pas hyper confiant, le projet faisant partie de ces suites pouvant faire foirer tout ce que le premier volet avait pu entreprendre. Bien que la prise de risque soit assez minime, John Krasinski m’a fait retrouver tous les ingrédients qui m’ont fait aimer Sans un bruit : sa façon de placer le son au cœur de son récit et de son dispositif, ajoutant la « contrainte » du nouveau-né et développant le personnage de Regan, la petite fille sourde, qui pourrait bien sauver le monde. Son humanité et son amour pour ses personnages (oui, John, on sait que tu aimes ta femme vu comment tu sais la sublimer à l’écran). Et le fait que, d’une certaine manière, Sans un bruit et sa suite sont la meilleure adaptation indirecte de The Last of Us (en attendant la série HBO). Je suis cependant bien plus curieux de découvrir ce que fera Jeff Nichols quand il s’appropriera cet univers (malgré un pitch de Krasinski) dans un troisième film d’ores et déjà annoncé l’an dernier, pour une sortie en 2023.

Pour faire simple, Sans un bruit 2 est une suite immédiate au premier volet, logique et sans surprises. On pourrait même parler d’un deuxième épisode, tant le concept est réutilisé dans de nouvelles situations, sans vraiment chercher à se réinventer. À la fin du premier film (attention spoilers, évidemment), papa Krasinski se sacrifie pour sauver sa femme, leurs deux jeunes enfants et leur nouveau-né, et Regan (Millicent Simmonds) a trouvé un moyen d’utiliser son appareil auditif pour repousser les monstres.

Après une séquence flashback qui revient au premier jour de l’invasion des monstres venus d’ailleurs, ce qui permet à Krasinski de faire coucou et bien faire comprendre à tout le monde que c’est le perfect daddy américain par excellence, mais aussi d’introduire le personnage de Cillian « les yeux les plus beaux du monde » Murphy, ami de la famille, on reprend donc exactement là où on s’était arrêté. La famille, désormais menée par la super daronne Emily Blunt et son super fusil, va partir en quête d’un autre lieu pour être à l’abri des monstres.

Moi quand je fais trop de blagues « quoi ? ffeur » et que tout le monde veut juste que je la ferme à jamais

Niveau péripéties, ce nouvel opus est sans doute encore plus réussi que le premier. Les différents set pieces qui permettent de jouer du concept de ces créatures aveugles à la super-ouïe sont exploités jusqu’à la moelle par le réalisateur, et on retrouve avec joie le plaisir et l’excitation face au ludisme de la mise en scène. C’est plus au niveau thématique que l’on a du mal à voir l’intérêt de cette nouvelle itération : en l’absence du père en effet, le personnage de Cillian Murphy vient servir de figure paternelle de substitution. Une idée sympathique sur le papier, mais terriblement grossière dans son exécution. Heureusement le sous-texte sur l’émancipation des enfants qui apprennent à grandir sans leur père pour mieux épauler leur mère face à la dureté du monde est déjà plus réussi.

On regrettera cependant certains choix de casting dans l’impact que cela peut avoir sur le scénario : en 2021, on peut arrêter de caster des acteurs noirs dans ses seconds rôles juste pour se donner bonne conscience… Parce que le risque, c’est de donner l’impression que les victimes des monstres sont toutes des hommes noirs, vu que les seconds rôles sont les expandables. Quand on souhaite malgré tout s’inscrire dans un certain cinéma de genre, il vaut mieux éviter ce genre de tropes maladroites pour ne pas nous sortir du film.

Ceci étant dit, Sans un bruit 2 reste un divertissement honnête qui réussit à prouver qu’il n’est pas simplement le film de trop. Il aura au moins le mérite de nous montrer l’actrice Millicent Simmonds gagner en assurance dans un rôle plus affirmé, ainsi que de nous offrir un vrai plaisir absent du premier volet : des disputes en ASMR. En effet, la famille des héros communique en ASL (american sign language) pour ne pas faire de bruit, mais Cillian Murphy ne maîtrise pas cette langue. Et comme il ne faut absolument pas faire de bruit même quand on se crie dessus, on a droit à deux trois scènes de disputes-chuchotements. Les petits plaisirs de la vie, il ne faut pas s’en priver.

Sans un bruit 2, un film de John Kraskinski avec Emily Blunt, Millicent Simmonds et Cillian Murphy. Au cinéma le 16 juin 2021

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