Trolls 2 : Tournée Mondiale est le film le plus important de l’Histoire du cinéma

C’est avec une émotion palpable que votre rédacteur favori avoue écrire pour la troisième fois sur Cinématraque un article qui parle de trolls. Et c’est la deuxième fois qu’il le fait pour un film intitulé « Trolls 2 ». Pour fêter cette occasion, il a décidé de parler de lui-même à la troisième personne. Si vous pouviez lire ces mots en entendant dans votre tête la voix d’Alain Delon dans les Guignols de l’Info, ça serait super pour compléter l’ambiance.

J’ai recommencé cet article environ douze fois sur le backoffice de Cinématraque depuis mars, et une centaine de fois dans ma tête. Non pas que je sois particulièrement indécis en temps normal, mais ici nous ne trouvons absolument RIEN de normal. Ce qui aurait dû être un banal film d’animation de DreamWorks qui n’intéresse personne à part quelques fanatiques (on va en parler) de bords et d’autres est soudain devenu un pilier majeur de l’effondrement du système cinéma en 2020. Un pilier qui s’effondre donc.

Trolls Tournée Mondiale est le deuxième volet d’une saga que personne ne voulait et qui a décidé de forcer le passage jusqu’à ce qu’on lui donne de l’attention. Le premier mettait en scène des petits trolls tout mignons qui adorent chanter de la pop acidulé (Anna « j’aime Renaud Besse-Bourdier »* Kendrick et Justin Timberlake en stars, excusez du peu) et qui se retrouvaient confrontés à des méchants ogres qui voulaient les bouffer, car eux n’avaient pas le droit de faire de la musique. Un croisement étrange entre les Schtroumpfs et Footloose, et peu de gens ont osé avouer que c’était pas mal. Mais les enfants ont adoré, une suite était alors inévitable.

La première version de cet article commençait par rappeler que cette suite nous avait été présenté lors du panel DreamWorks du festival d’Annecy de 2019. La foule, d’abord absolument désintéressée, avait finalement été conquise par les images totalement déjantées amenées par le réalisateur Walt Dorhn. Une version suivante se devait de mentionner le confinement et la fermeture des salles, puisque le film devait sortir chez nous au printemps initialement. Puis le studio a décidé de sortir le film en VOD aux USA le 10 avril, faisant un carton auprès des parents bien heureux de pas avoir leurs gosses dans les pattes pendant 90 minutes. Premier coup dur pour les salles de cinéma qui à l’époque ont très vite réagi : la chaîne AMC Theaters annonce que si le studio leur refait un coup pareil, elle boycottera les sorties à venir. Ambiance…

Nous face à la vie.

Dans les versions suivantes de cet article, tout s’accélère. Tenet sort au cinéma mais les salles ne sont pas ouvertes aux États-Unis, il se plante. Disney se décide à sortir Mulan en VOD à payer trente boules sur sa plate-forme Disney +. Le film sera disponible seulement le 4 décembre sur la plate-forme, on doit donc attendre ce jour pour publier notre critique prête depuis mars et vous dire que c’est de la merde. Plus important encore, Disney annonce ensuite que le dernier Pixar, Soul, ne sortira pas du tout au cinéma, et puis enchaîne avec une restructuration totale de sa production pour se focaliser sur le streaming. Ainsi il pourra s’adresser directement à ses « consommateurs ». Le terme choisi dans la déclaration de presse annonce la couleur… La couleur du caca qui pue.

Tout ça donne à Trolls Tournée Mondiale une place terriblement importante dans l’actualité, et qui complique énormément la manière de l’aborder dans un article ; il serait fou d’ignorer le contexte ahurissant qui entoure donc sa sortie française cette semaine, au beau milieu de toutes ces péripéties. Vous comprenez donc la difficulté de rédiger cet article. Et encore vous ne savez pas tout : j’aurai pu aussi parler du fait que depuis que j’écris sur ce film (donc nos articles d’Annecy 2019) je reçois des DMs sur Twitter d’un.e fan extrême qui me demandait de lui décrire chaque image visionnée, chaque nouveau Troll présenté et sa tenue, les chansons utilisées… Je vous jure que c’est vrai.

Oui, il serait fou d’ignorer tout ce contexte. C’est donc exactement ce que je vais faire après cette longue introduction qui fera bien quatre fois la taille de la critique. Je vous demande alors d’oublier tout ça et de vous concentrer sur les mots qui suivent : Trolls Tournée Mondiale est… Un putain de bon film. Un festival déglingos totalement barré qui te vomit des paillettes à la tronche à deux mille à l’heure, comme si on mettait le spectateur dans une machine à laver avec tous les vêtements de la Marche des fiertés.

Le pitch ? Les trolls du monde de la pop (donc Justin Timberlake, Anna « Comme ça s’il est de l’autre côté* » Kendrick) découvrent qu’ils existent d’autres trolls qui chantent et dansent sur d’autres musiques : au delà des frontières de leur petit pays coloré se trouvent les territoires de la country, la dance, le classique et le funk… Seulement voilà. Les trolls du monde du métal, menés par leur terrible reine Barb (doublée par l’exceptionnelle, la délicieuse, la formidable Rachel Bloom) ont décidé que seule leur musique méritait d’être écoutée et sont partis pour uniformiser tous les pays Trolls.

« Regardez ma série Crazy Ex Girlfriend ou conséquences… »

L’ouverture du monde à d’autres genres musicaux est une excuse magnifique pour que les animateurs s’en donnent à cœur joie, et ainsi créent des paysages totalement absurdes pour mettre en scène une course contre la montre effrénée, puisque Poppy la reine des Trolls pop essaie de rallier à sa cause tous les pays pour faire front face aux méchants metalleux qui détruisent tout sur leur passage. Niveau animation, on a monté les potards jusqu’à 11 ; tout va à fond à la caisse, ce qui peut avoir comme résultat de soit causer une overdose chez le spectateur en douze secondes chrono, soit lui procurer un orgasme. Il n’y a pas d’entre deux.

Encore plus fascinant, la lecture que l’on peut faire du propos du film est particulièrement osée pour du cinéma pour enfants. L’arc narratif de l’héroïne Poppy, campée par Anna « elle a dit qu’elle adore Renaud, je l’aime »* Kendrick, la présente comme voulant absolument bien faire et réconcilier tous les Trolls. Son argument ? Malgré nos différences, nous sommes tous pareils. Elle se trompe. Évidemment. Tous les Trolls sont extrêmement différents selon les genres musicaux, et le nier en revient à une forme de violence : elle impose sur les autres sa vision du monde. La véritable rupture du film, c’est donc sa désillusion : les différences existent, et on ne peut pas les nier. Cela peut paraître bête comme discours, mais je vous rappelle qu’aujourd’hui en France notre gouvernement ainsi que la majorité de nos intellectuels et partis politiques ne « voient pas les couleurs »…

Le spectateur adulte et connaisseur en histoire de la musique peut aussi voir dans le film une représentation plus que réaliste de la manière dont la musique pop a su vampiriser tous les autres genres et s’en emparer au point de les dénaturer, ainsi qu’un portrait tristement juste de l’intolérance et de l’esprit obtus d’une grande partie des fans de métal. Me tombez pas dessus, j’en fais partie je sais très bien à quoi on ressemble : on est les pires. Et le film, qui se tape le luxe d’avoir Ozzy Osbourne dans le rôle du père de la Reine Barb, le montre parfaitement.

Alors oublions un instant tout le contexte autour du film. Ce truc est frappadingo, et il mérite d’être vu pour ce qu’il est, non pas ignoré comme le premier volet l’avait injustement été… À bon entendeur.

Trolls 2 Tournée Mondiale, un film de Walt Dohrn, écrit par trop de scénaristes pour que je mette tous leurs noms, avec Anna « pompes claquées »* Kendrick, Justin Timberlake, Rachel Bloom, Ozzy Osbourne… Au cinéma en France le 14 octobre.

*Ceci est une private joke en référence à un documenteur que mes ami.e.s ont réalisé pour mes 30 ans, et qui met en scène Anna Kendrick sur le press tour du film racontant son idylle amoureuse avec ma personne. Désolé d’avoir des meilleurs potes que vous…

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