À l’intérieur d’un tribunal, Zain, un garçon de 12 ans est présenté devant le juge.
« _ Pourquoi attaquez-vous vos parents en justice ?
_ Pour m’avoir donné la vie. »
Venez pas dire que c’est pas le pitch le plus chiadé de cette année…
Après avoir eu le droit aux honneurs de la Quinzaine des Réalisateurs avec son Caramel en 2011, la cinéaste libanaise Nadine Labaki connaît cette année sa première sélection dans la compétition reine avec Capharnaüm, titre plutôt bien indiqué puisqu’en plus de nous pousser à sonder le bordel général auquel est confrontée la part la plus démunie de la société libanaise, mais dont l’étymologie nous renvoie aux bazars de l’antique Galilée (oui là où y avait les rois mages), et ça tombe bien car il est question d’un bazar dans le film. Celui où le jeune Zain, qui a fugué de ses parents se retrouve à devoir survivre aux côtés de Rahil, immigrée illégale éthiopienne et son fils Yonas.
Autant le dire tout de suite : sujet édifiant, enfants qui pleurent, sous-texte socio-politique, réalisme cru… Capharnaüm a la tronche même du film qui va truster les conversations pour la Palme ou le Grand Prix, vous n’y échapperez pas. Et ça n’est en rien une indication sur la qualité générale du film, juste une simple observation. Reste à savoir maintenant si Nadine Labaki tient les promesses de ses prémisses et si on s’approche plus du mélo humain universel ou de l’atroce meringue.
Pendant cent cinq des cent vingt minutes de son déroulement, Capharnaüm tient davantage la promesse du premier. Oui, ça coche un peu toutes les cases du drame à Kleenex pour se donner bonne conscience, mais Nadine Labaki trouve un équilibre très juste et assez fort dans la représentation de ses héros, désamorçant ses séquences pathos par des rencontres plus légères que le scénario parvient à intégrer au cheminement du jeune Zain sans que cela vire à l’artifice de storytelling. Mention spéciale à ce personnage formidable de papy mascotte dans un parc d’attractions, superhéros de pacotille portant un uniforme crado à l’effigie de Spider-Man mais orné… d’un cafard. Lui et sa « partner in crime » offrent des scènes assez formidables dans la veine de la comédie italienne seventies, quelques-unes des meilleures du film.
Une vraie proposition de cinéma, jusqu’au dernier quart d’heure
Mais la meilleure arme de Labaki passe par la crudité du langage. Non seulement ça s’engueule comme pas possible, mais on entend des tombereaux d’insanités à tire-larigot à longueur de film, surtout de la part des gosses. Cette violence langagière extrême offre paradoxalement une forme de respiration à son film qui évite de s’enfermer dans la pesanteur de dialogues « naturalistes ». Tout passe par l’énergie du jeune Zain Alrafeea, époustouflant dans le rôle du jeune garçon du même nom, un petit réacteur nucléaire sur pattes dont l’alchimie avec l’encore plus jeune Boluwatife Treasure Bankole fonctionne du tonnerre. Labaki arrive à saisir entre eux de superbes moments de grâce et de débrouille, comme lorsque celui qui devient le père de substitution de Yonas s’arrange pour coincer un miroir à la fenêtre pour capter les dessins animés qui passent chez le voisin d’à côté… dessins animés qu’il double évidemment de la manière la plus ordurière possible.
Même si l’on sait que cette histoire est vouée à se terminer dans le sang et les larmes (le pitch n’est en réalité que l’exposition de la situation finale du film sur laquelle on revient par plusieurs flash-back), la réalisatrice fait montre d’une vraie force de proposition de cinéma et évite de nombreux écueils sur son chemin. Et cela jusque dans le dernier quart d’heure. Et là c’est le drame le film partant dans le décor du mélo à gros violons, à crises lacrymales et à dialogues de film qui veut faire grand. Alors oui, ça marche, évidemment, la salle Debussy ayant usé autant de Kleenex que les tribunes des supporters marseillais au Groupama Stadium ce jeudi soir après la défaite en Europa League. Sauf qu’au final, on a un peu l’impression que sur son dénouement, Nadine Labaki se vautre un peu dans toutes les facilités qu’elle avait jusqu’ici réussi à repousser.
Il y a du cinéma dans Capharnaüm, et une tonne de sentiments qui vont en faire un candidat extrêmement sérieux à la Palme, au Grand Prix ou à un prix, quel qu’il soit samedi (gardez un œil sur le Prix du scénario notamment). Reste qu’au bout du compte, alors que la compétition fait clairement sortir ses muscles sur ses derniers jours, Capharnaüm n’a pas hésité à sortir l’artillerie lourde encore un peu plus. Peut-être un peu trop, même ?
Capharnaüm de Nadine Labaki avec Zain Alrafeea, Boluwatife Treasure Bankole, Yordanos Shifera…, date de sortie en salles encore indéterminée.
Cette critique est ridicule et de mauvaise foi..Mr Lada devrait changer de métier car qd on ne comprend rien on n’a pas le droit d’émettre un avis.. le but de ce film n’est pas d’étaler la misère ou de nous faire pleurer ( d’ailleurs qd on connait bien le pb des bidonvilles à bey on ne pleure pas) mais de nous montrer la réalité.. le pays n’ a aucune structure pour héberger plus d’un million de réfugiés ( pas d’eau potable pas d’electricté pb des déchets…) et le monde préfère être aveugle et insensible et préfère juger sans même comprendre..bref ce film est à ne pas manquer comprendre comment va le monde d’aujourd’hui est essentiel même si ce n’est pas beau à voir Mr Lada..