You Were Never Really Here : du joli ciné radin

On le sait depuis quelques années maintenant : depuis le plutôt mignon Drive, Nicolas Winding Refn a pas mal changé la face du cinéma mondial. Du cinéma d’action, surtout. Il a engendré des films remplis de bonne musique à basses qui te fait vibrer les tympans, avec des héros qui passent leur temps à regarder dans le vide et à conduire des voitures. Le tout parsemé de scènes ultra-violentes. Une sorte de cocktail à la mode, qui fonctionnerait à tous les coups.

Dernier rejeton du genre, You Were Never Really Here coche quasiment toutes les cases de ce bingo pour hipsters à l’amour pour les films d’action certain, mais au hipsterisme trop costaud pour se laisser aller à Jason Statham (ahhhh Jason <3). D’abord il y a Joaquin Phoenix. Vous lirez sûrement çà et là qu’il est « torturé »« laconique », ou encore « crépusculaire ». Ca ne veut pas dire grand-chose, mais ce sont les qualificatifs que l’on a choisi d’attribuer à ces héros du temps moderne, violents, pas rasés, et qui ont retenu de leur passé difficile un certain sens de l’humain dans leur vie de gangster. D’ailleurs, ce doit être la consigne des réalisateurs lorsqu’ils dirigent un acteur dans cette catégorie de film : sois torturé, laconique et crépusculaire. Vous pourrez essayer de vous entraîner chez vous, en montant une étagère Ikéa avec un air torturé, laconique et crépusculaire, vous verrez, c’est rigolo. Et avec un peu de bol, vous aurez un réal de festival sans trop d’idée qui viendra vous filmer.

Dans You Were Never Really Here, le génial Phoenix (que l’on aime encore plus que les cafés gratos sur la Croisette, en vrai) porte la barbe que tous les festivaliers ont adoptée en cette fin de Festival, ceci expliquant peut-être l’engouement démesuré autour du film, généré donc par une potentielle identification du badge presse lambda à ce monsieur qui aime bien casser la gueule de gens avec des marteaux. Dans la vie, on ne sait trop ce qu’il fait, si ce n’est que c’est un sale boulot. Il tue des gens pour d’autres gens, sans scrupule, sans remords. Et un jour, il se prend d’amitié pour une gamine, qui se trouve kidnappée, et qu’il fera tout pour retrouver.

En gros :

Oui, d’aucuns te citeront sûrement Taxi Driver, moi je préfèrerais Taken, parce que c’est plus récent, et aussi parce que bordel, c’est un vrai kif, Taken. Alors évidemment, dans la bessonnerie, il n’est pas question de flashbacks arty, et le héros ne passe pas des plombes dans sa bagnole à réfléchir sur de la musique aux basses qui te font mal au plexus.

Seulement voilà, ce que ces adeptes de Refn oublient de temps à autres, c’est le plaisir du spectateur. You Were Never Really There donne souvent l’impression de te laisser sur le côté de la route. Tout pris séparément est réussi : c’est plutôt beau, pas mal joué, la musique est efficace, les scènes d’action sèches et violentes comme elles se doivent de l’être dans un film noir… mais ça manque cruellement de coeur !

Ca ressemble à un film d’action qui ne s’assumerait pas, à un film radin. A une jolie assiette de bouffe à laquelle tu n’aurais pas le droit de toucher. Le tout sent bon, a l’air bon, mais on a oublié de te donner des couverts.

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