The Meyerowitz Stories : mais faites-les taire !

Noah Baumbach, c’est LE réalisateur hipster ricain, penchant bavard façon Woody Allen. De ses précédents films on a appris à aimer un sens certain du dialogue, et surtout une actrice, une dénommée Greta Gerwig, avec qui il a déjà tourné à trois reprises, en co-écrivant deux films avec elle (Frances Ha et Mistress America, les deux meilleures oeuvres du réalisateur à ce jour, avec Les Berkman se Séparent). De la pétillante star (et avec elle, donc) il a su tirer la quintessence, à coup de personnages complètement cinglés mais parfaitement charmants, façon Frances Ha, dont on ne se lassera jamais des problèmes existentiels, et des sprints en pleines rues new-yorkaises sur du Bowie à donf et en noir et blanc.

Acoquiné à Netflix et cette fois tout seul comme un grand, Noah Baumbach est pour la première fois de sa carrière accueilli en sélection officielle cannoise. Certainement pour son film le plus faible. Et faible est un tout petit mot, tant celui-ci s’avère prétentieux et raté.

Armé d’un pitch complètement inintéressant (« le récit intergénérationnel d’une fratrie en conflit rassemblée autour de leur père vieillissant ») et d’un scénario environ 740 fois plus gros que le plus bavard des scénarii alleniens, il rassemble une troupe d’acteurs connus et sympatoches, dans l’espoir que la sauce Baumbach (si si, ce charme si discret qui ne se joue à rien mais nous fait tomber amoureux de personnages…) prenne. Ainsi, Ben Stiller, Dustin Hoffman ou encore Adam Sandler récitent leurs textes à toute pompe, sans aucune marge pour déployer le talent comique qu’on leur connaît. Le film a en effet ceci d’éreintant qu’il ne laisse aucune pause à son spectateur, et ce malgré un récit parfaitement inintéressant. Bien sûr, il reste la jolie mise en scène reconnaissable parmi beaucoup de Baumbach, et les dialogues sont lorsqu’on les prend indépendamment les uns des autres franchement brillants, mais le film s’apparente tout de même à la prise d’otage de ton tonton relou qui raconte ses vacances d’été au repas de Noël, prenant 30 plombes pour dérouler son récit dont tout le monde se tape.

Une question en suspens, que l’on est obligé de se poser : n’est-ce pas un risque de toute production Netflix (où tout est acheté par le mastodonte et les mains du réalisateur bien plus libres que lorsqu’un producteur casse-pieds doit veiller à ce que le film ait une gueule pas déplaisante pour ses financeurs) que d’engendrer des caricatures de films ? Le rôle du producteur lambda et du circuit de production actuel n’est-il pas primordial pour éviter que les réalisateurs n’en viennent à se regarder le nombril ?

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