Festival d’Annecy jour 2 Going NUTS !

La poésie pour dresser un constat du monde accablant

Décidément, après Seoul Station hier, voilà que mon deuxième gros temps fort de ce début de festival est projeté le matin. Psiconautas de Pedro Rivero et Alberto Vazquez est ce que le cinéma fantastique fait de mieux. Un design naïf, mignon, pour réfléchir à la violence et l’immoralité de nos sociétés modernes desquels les échappatoires semblent presque impossibles. La poésie pour dresser un constat du monde accablant entre problèmes environnementaux et relations adultes malsaines. Le long-métrage est dans la continuité du court-métrage Birdboy (ci-dessous) présenté à Annecy en 2010, et l’on retrouve dans Psiconautas la personne éponyme du court, dans la suite logique des évènements. Il cherche cette fois à s’enfuir de cette île lugubre. Un petit bijou d’angoisse et d’humour noir.

Tristesse ultime, je vous disais hier que je voyais avant vous le dernier opus de L’Âge de Glace, et bien manqué. Dans la file d’attente, je me rends compte qu’on va assister à une présentation des premières images du film de la part des deux producteurs de la saga. C’était sympa parce qu’il y avait des petits larsens et le son sans l’image parfois pendant les extraits. Mais sinon ne vous affolez pas, de ce que j’en ai vu la saga continue sur sa lancée. Le personnage de Scrat prend de plus en plus de place, en laissant de moins en moins pour une intrigue intéressante. Il sera à nouveau question de rapports parents enfants, sur fond de chamboulement des planètes. Les extraits présentés techniquement irréprochables se suffisent à eux même laissant présager un assemblage de sketchs plus ou moins drôles. La saga a à ce jour cumulé trop de personnages à faire exciter à l’écran pour ne plus en faire réellement ressortir qu’un seul : Scrat, représentatif à lui seul de l’esprit des films. Cette fois envoyé dans l’espace (via le vaisseau spatial congelé du 1er) dans une succession de parodies de films SF comme Gravity, Star Trek, La Mouche, ou dans un autre registre Le Loup de Wall Street. J’irai bien évidemment jeter un œil au film lors de sa sortie pour les voix de Nick Offerman, nouveau venu, et Simon Pegg en Buck la belette, meilleur personnage à ce jour.

Le personnage de Scrat prend de plus en plus de place, en laissant de moins en moins pour une intrigue intéressante.

 

Mais pas l’temps d’niaiser, que j’enchaine avec un autre long-métrage en compétition, le succès québécois de l’année 2015, La Guerre des Tuques 3D, comprenez « tuque » par « bonnet ». 3D parce qu’il s’agit du remake du film du même nom de 1984, véritable classique populaire au Québec. Le pendant neigeux de La Guerre des boutons. Les rencontres, et découvertes ne se font plus pendant les grandes vacances d’été, mais pendant celles d’hivers. On a du mal à comprendre la présence du film en compétition officielle, et le pourquoi d’un remake plan par plan du film en prise de vues réelles, si ce n’est pour l’argent. Ou offrir une enveloppe plus moderne à un film vieillissant. L’animation bien que soignée ne convainc pas vraiment, laissant de côté des détails aussi importants que la présence de buée, qui aurait pu nous permettre de ressentir ne serait-ce que le froid. Le film s’adresse clairement aux enfants, les adultes totalement absents du film, ne propose qu’un seul niveau de lecture assez primaire. Les situations sont le théâtre des questionnements liés à l’enfance : amour, amitié, mort, deuil, responsabilités, etc., les unes à la suite des autres, chez des personnages qui restent pour beaucoup des stéréotypes qu’on aurait aimé voir développer. On retrouve le grand costaud un peu bête, les jumeaux qui parlent en même temps, la petite sœur excitée, le petit gros rigolo. La désagréable sensation d’une recette, qui vient s’ajouter à cette longue liste les passages chantés par Céline Dion.

Pour le fun, je vous mets une bande-annonce du film originale, comme ça vous n’aurez qu’à l’imaginer en 3D !

Après le gland de Scrat, les noix de Nuts !

Après le gland de Scrat, les noix de Nuts !, dernier film en compétition de la journée. Un documentaire, composé d’images d’archives, de témoignages récents, et d’un mélange de plusieurs techniques d’animation. Le film se base sur l’hagiographie du docteur Brinkley devenu célèbre dans les années 1920’s pour avoir mis au point un traitement contre l’impuissance de ses patients en leur implantant des testicules de bouc. Alors dis comme ça vous ne me croirez jamais, mais c’est bien ce qu’explique ce documentaire incongru. Il met surtout en lumière cet homme, ce psychopathe, inventeur à sa façon du marketing de masse, devenant le médecin le mieux payé du moment, bâtissant sa fortune sur l’idée du changement et de l’espoir, instigateur malgré lui de certaines mouvances populaires. Bien sûr, ce n’était pas sans contestations de la part de ses compères, mais vous en dire plus vous gâcherait le plaisir de découvrir en salle, ce documentaire pertinent.

 

En cette journée de manifestation le Festival d’Annecy propose le court-métrage La Beauté est dans la rue, réalisé par les élèves de Gobelins.

 

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