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Aujourd’hui, j’ai battu mon record de nombre de films vus en une journée. En vrai je l’ai égalé, mais décide que Cannes 2011 ne compte pas, parce que je m’étais endormi pendant le dernier. Faut dire aussi que c’était un peu mou du genou, Drive, avec le blondinet qui conduisait une voiture avec de la bonne musique dedans.
4 films, donc. 4 comédies françaises dont une que je vais évacuer tout de suite, Pattaya, parce que j’aime trop ce festival pour être méchant avec un film présenté en compétition. Mais en gros, si je devais comparer le film à un plat, je dirais ça.
Les trois autres films découverts aujourd’hui me prouvent à nouveau l’habileté des sélectionneurs d’huizats (allez avoue que t’as appris un mot), mais me rappellent également combien la comédie française est un terrain miné, un genre à part entière.
Good Luck Algéria, La Vache et Dieumerci sont trois oeuvres intéressantes, au canevas similaire. Dans l’ordre, il y est question d’un type qui se met en tête de représenter l’Algérie aux Jeux Olympiques d’hiver de ski de fond, d’un autre qui se met en tête d’amener sa vache à pied au salon de l’agriculture, et d’un dernier qui se met en tête de devenir acteur.
Trois destins aux similitudes évidentes, parsemés d’embûches et engendrant un final machine à frissons. Oui, parce que ce sont des comédies et que, de fait, elles se terminent toujours bien. Aidé d’un logiciel et d’un algorithme professionnels, j’ai pu modéliser le rythme de ces comédies si françaises que je nomme comédies d’artificier car construites comme un feu d’artifice.
Le grand enjeu n’étant pas le dernier pic, mais le reste. Sinon ça donne La Famille Belier : on s’emmerde tout du long et on finit par s’émouvoir d’une gamine qui signe du Sardou à ses parents sourds le temps d’une scène pour, si l’on n’est pas trop regardants, ne plus se souvenir que de ça.
Le risque de la comédie française de ce genre, c’est en effet de donner lieu à des films à chutes, seulement calibrés pour se terminer en apothéose. Comme un artificier qui économiserait ses pétards juste pour le bouquet final, et se débrouillerait en attendant en faisant des « Bim », « Boom » avec la bouche. Je ne suis pas sûr de ma métaphore.
Le meilleur film de ma journée, c’est Good Luck Algeria, avec Sami Bouajila et Chiara Mastroianni.
Dans la grande lignée des films retraçant de beaux destins sportifs (Rasta Rocket, Le Vélo de Ghislain Lambert etc.), le film nous raconte l’histoire d’un fabricant de skis qui, pour montrer la qualité de ceux-ci se vendant trop peu, va essayer de se qualifier pour les Jeux Olympiques d’hiver sous les couleurs de l’Algérie.
La force de Good Luck Algeria, c’est son sens de la nuance, sa finesse. Beaucoup auraient en effet montré le héros comme obnubilé par son objectif au point de s’en détacher de sa famille à coups d’engueulades et de réconciliations, ici les relations sont très tendres, les incompréhensions calmement discutées, la confiance de mise. Chaque personnage est très écrit, très travaillé, et chaque acteur le campant (trio Bouajila – Mastroianni – Gambastide) très juste.
Le frisson final tant attendu a bien lieu, et s’avère d’autant plus joli qu’il est totalement consenti. Les lumières se rallument, on a envie de chausser des skis, et on essuie vite fait la larme de joie qui coule au bord de l’oeil droit, parce que merde, on a un badge presse, quand même.
Sortie le 30 mars 2016
La tendresse, c’est également le moteur de La Vache, futur gros carton du box-office (vous l’aurez lu ici en premier) avec notamment Jamel Debbouze.
Un agriculteur algérien se voit invité au Salon de l’Agriculture de Paris. Il décide d’y aller. A pied. Avec sa vache.
Pitch simplissime, hommage à Fernandel avoué, le film possède une grosse présomption de sympathie. Et il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Le tout est drôle, tenu, tendre et bien joué. L’on fera fi des petits temps morts, assez difficilement évitables dans le genre road movie. L’important est cette humanité qui se dégage du tout, et ce final promis frissonnant comme tout.
De mémoire d’Alpe d’Huez (j’ai dû faire une vingtaine de séances), c’est la plus grosse ovation que j’ai entendue.
Sortie le 17 février 2016
Dernier film du jour, toujours sur ce schéma success story annoncée, Dieumerci de Lucien Jean-Baptiste (La Première Etoile).
L’histoire d’un sortant de prison souhaitant se réinsérer dans la société en devenant acteur, et donc en s’inscrivant à des cours de théâtre. Peut-être un tantinet moins habile dans l’écriture que les deux autres comédies présentées ci-dessus, le film compense par la mise en lumière de Baptiste Lecaplain, formidable boosteur à la gueule d’ange.
Les frissons du final sont donc également là, et le schéma d’être parfaitement respecté.
Sortie le 9 mars 2016
La comédie française d’artificier n’est donc pas un genre dégueulasse, pourvu que l’on accepte de s’y soumettre corps et âme, d’y verser sa larme sans trop réfléchir à la cohérence, à la vraisemblance, à la pertinence. C’est un genre qui fait du bien, qui résout des crises par la vanne, un genre où rien n’est finalement très grave mais où chaque sursaut d’espoir est primordial.
23h30, je sors de ma dernière séance de la journée en levant les bras au ciel. 4 films, pas une seule seconde de sommeil : je suis un sacré petit champion. Dehors, il neige et les sponsors continuent de distribuer des Kinder Bueno. Je ne sais toujours pas refuser de cadeau en chocolat des sponsors. J’en suis donc à ma 14e barre de la journée, sachant qu’il y en a deux par paquet.
C’est également un record, putain !
Quelle journée, mes aïeux… A demain !
et le grand-père, il a biffé pataya?
c’est encore un coup à ce qu’il ne retourne pas au cinéma avant une dizaine d’années ça…
kiffé (bordel de correcteur automatique)
Je le cite, venant de lui demander :
« Je ne retournerai plus au cinéma, je me contenterai de La Vache et le Prisonnier chaque année à la télé. »