Ca fait partie des règles de Cinematraque : si l’on connaît personnellement l’auteur d’un film, on en informe les lecteurs. Donc oui je connais un peu Mathieu, on s’est vus 3-4 fois et je l’adore depuis « Comment je me suis disputé« .
Je ne pouvais donc qu’aimer le film, et j’en ai peut être d’ailleurs un peu trop attendu.
Mathieu Amalric adapte une nouvelle de Simenon, que je n’ai pas lue. C’est dommage, mais en même temps, des livres, je sais pas où ça s’achète, moi.
Ca s’appelle La Chambre bleue et c’est d’ailleurs la couleur qu’il donne au film. Esthétiquement c’est un film extrêmement bien signé et construit. On y apprend progressivement que deux personnes sont mortes, mais on ne sait pas qui les as tuées. On n’en saura pas plus à la fin, même si j’ai mon idée. Tout le monde, d’ailleurs, s’est fait sa petite idée. Amalric se garde bien de donner une réponse, mais il n’y a aucune frustration pour autant, chacun étant intimement persuadé de ce qu’il a vu, façon Cluedo avec mamie (« Putain, il est pas clair ce Colonel Moutarde »). Ici en fait, Amalric comme souvent déplace la problématique de l’intrigue vers un questionnement sans doute plus personnel sur l’infidélité.
Un homme retrouve une femme régulièrement dans une chambre d’hôtel, il paye la chambre en liquide, ils font l’amour, il restent nus, ils sont sublimes. L’homme est pris au piège, dépendant de cette femme qui veut l’enfermer à jamais, même s’il faut tuer des gens pour ça, et renoncer à sa liberté. L’araignée l’a mordu.
Qu’est ce que l’amour ? L’amour passionnel est-il forcément un amour interdit ? Et d’ailleurs, pourquoi Mathieu Amalric met-il en scène sa compagne dans le rôle de sa maitresse ?
L’intimité est palpable à l’écran, Amalric sachant parfaitement filmer les corps. Sa mise en scène est remarquable, avec cette petite astuce stylistique que j’adore : l’histoire se reconstitue à travers un interrogatoire policier. A l’image, quand la scène est racontée, les flashsbacks semblent mal joués et téléphonés, mais c’est un leurre : le jeu des acteurs tient compte du fait que c’est une reconstitution à travers un procès verbal et des souvenirs éparses. Alors que les acteurs jouent normalement, et chez eux, c’est brillant quand ce n’est pas reconstitué.
La Chambre Bleue, c’est donc 1H16, de plaisir de cinéphile. Pas inoubliable mais à voir… et en plus c’est déjà en salles.
La Chambre Bleue, de et avec Mathieu Amalric – En salles
La Chambre bleue n’est pas une nouvelle mais un roman. « L’astuce stylistique » dont vous parlez est dans le roman, Amalric n’a rien inventé.
Que les amants nus soient « sublimes », cela est discutable, ça dépend.
Pourquoi Mathieu Amalric met-il en scène sa compagne dans le rôle de sa maitresse ? Bonne question. Le film n’est pas inoubliable: sans doute.
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