[L’image de l’année] La mort de Tony Scott

S’il fallait garder de 2012 une image, un plan, un photogramme : les rédacteurs de Cinématraque se prêtent à l’exercice.

S’il y a une image marquante, en 2012, c’est sans doute cette absence d’image. Une image qui existe, mais que je me refuse à voir. Celle du corps de Tony Scott chutant du Vincent Thomas Bridge de San Pedro. Une image déjà sinistre telle qu’elle se dessine dans ma tête, pourquoi confronter mon imaginaire à la réalité froide de ce monde où l’on filme tout pour le mettre sur YouTube ? C’est aussi l’image d’une mort qui a, ici, ressuscité un débat critique autour de la question du cinéma. Une nécro sans style, brouillonne et paresseuse publiée sur le site de Télérama par un journaliste qui n’a pas fait son travail. Les réseaux sociaux s’en mêlent et s’emmêlent. Une confrontation de deux univers : un monde en phase terminale, à l’image respectueuse, mais qui, trop souvent, se repose sur des acquis fragiles. Et un autre peuplé de regards aguerris, car baignant depuis l’enfance dans l’image comme moyen de se médiatiser soi-même, mais qui oublie parfois de se méfier de cette profusion d’écrans. Un débat riche, où le cinéma a permis de s’interroger sur le rapport à la mort de chacun, la précarité du journalisme, l’anonymat sur internet, et donc la liberté d’expression et le contrôle du web. Il a aussi donné l’occasion de poser la question de la légitimité de ces passionnés de cinéma qui, aujourd’hui, rivalisent parfois dans l’écriture critique avec les meilleurs journalistes de cinéma. Sachant que, sur le net, la question reste en suspens – se professionnaliser ou, au contraire, porter avec fierté le statut d’amateur considéré, à tort, comme gage d’indépendance.

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