Un vent glacial souffle dehors, faisant tourbillonner les quelques poussières de givre matinal saupoudrant les routes. Sur la table du salon, il y a des gants, des écharpes et des bonnets. Un stick à lèvres, aussi, pour pallier les inévitables gerçures.
Chocolat chaud sur la table, nous rentrons d’une randonnée éprouvante. Je prends mon bol bouillant à pleines mains, comme pour me réchauffer.
On a allumé la télévision.
Les films de Noël, objets tour à tour opportunistes ou féériques, sincères ou vains, se rejoignent dans leur capacité à parfaitement s’insérer dans nos froides journées d’hiver. Pourtant, il paraît évident qu’outre quelques exceptions, leur qualité est des plus discutables, la recherche scénaristique manquant le plus souvent à l’appel, les « codes » des films de Noël prenant parfois un peu trop le dessus.
Il doit ainsi y avoir, dans tout film de Noël, une dose de famille qui se fait des câlins, une pincée de féérie et un grand sapin plein de cadeaux. Ce sont les codes. Lorsqu’ils sont limitatifs, le film patine, et le spectateur savoure son chocolat chaud plus que la magie de Noël sur sa télévision.
Il est intéressant de constater que cette tradition des films d’agapes est quasi-exclusivement américaine, mais se répand à travers le monde. Et l’on ne peut qu’admettre le fait que ces bâtards de ricains sont les seuls à parvenir à nous faire rêver avec le père Noël sur petit écran.
Lorsque les frenchies s’essaient à l’exercice du film de Noël, dans le meilleur des cas ils digressent et s’adressent aux adultes (Le père Noël est une Ordure), et dans le pire des pires des cas font du sous-film américain. Ainsi, dans J’ai rencontré le Père Noël, un gamin dont les parents ont été enlevés en Afrique (hum…) se met en tête de les faire revenir, avec l’aide du Père Noël. Les codes sont là, mais tout est gros sabots. Le gamin est insupportable, Karen Cheryl joue une fée assez sexy pour être ridicule, et le Père Noël s’en va lui-même, dans une scène assez surréaliste, délivrer les parents dans le village africain.
Le Père Noël, et c’est là l’un des secrets de la réussite d’un film de Noël, doit se cantonner à son rôle. Il est déjà en soi un personnage, nul besoin de lui ajouter des attributs de super-héros. La féérie, c’est de ne montrer le père Noël qu’au détour d’un plan, d’une image, d’une fin heureuse. Il faut que le spectateur l’attende, comme le requin des Dents de la mer. Sinon, il faut rentrer dans son quotidien de père Noël pour que le film fonctionne.
Comme le dit si bien le maître John Lasseter, « nous sommes tous des enfants ». Et il incombe à tout réalisateur se frottant au confortable exercice du film de Noël de ne pas perdre ceci de vue. Le Père Noël n’est après tout pas celui avec qui l’on souhaiterait partager une discussion ou un café, c’est plutôt l’homme qu’on aime apercevoir, imaginer faire ses paquets-cadeaux, et qu’on voudrait à ce point surprendre au coin d’une rue qu’il nous arrive de vraiment le voir.
Parmi les films de Noël, le cinéphile ne pourra que conseiller l’hilarant Elfe aux adultes – avec le génial Will Ferrel, où un lutin trop grand pour être lutin se lance à la recherche de son vrai père -, le féérique Etrange Noël de Monsieur Jack, chef-d’œuvre absolu de Tim Burton à tous, et le toujours génial Maman j’ai Raté l’Avion aux enfants.
Mais nul doute qu’au gré de vos zappings post-balades de Noël vous tomberez sur une curiosité ricaine assez inconnue pour vous charmer, quel que soit son titre et son degré de nullité. Le cinéphile prendra congé, et le téléspectateur savourant son chocolat chaud entrera en scène. Petit tour d’horizon des plaisirs coupables :
– J’ai vu maman embrasser le père Noël, où des gamins essaient d’être méchants pour ne pas mériter de cadeaux et donc éloigner le père Noël, ce gros queutard, de leur mère ;
– Jessie et le petit Renne du Père Noël, un film vraiment vraiment dégueu, où une gamine sauve un renne et le rapporte chez elle, persuadée qu’il appartient au Père Noël, s’acharnant donc à le protéger de son père qui a d’autres projets pour l’animal ;
– Le Village du Père Noël, curiosité de film où un zoologue (?) part à la recherche de rennes volants (?) ;
– Super Noël, comédie assez réussie reprenant l’idée usée du pauvre type qui doit remplacer le Père Noël le temps d’une tournée ;
– Le Plus beau cadeau du monde, navet ULTIME, où une gamine reloue voit sa maman prête à se remarier, et demande au Père Noël de l’en empêcher, pour la remettre avec son papa.
– Les épisodes des Simpsons spécial Noël, toujours excellents.
Deux semaines, on en a pour deux semaines. Alors préparez vos mouchoirs, allumez les cheminées, faites de la place sur le canapé, et il ne vous restera plus qu’à kiffer, bien pépèrement, la magie de Noël sur petit écran. De toute façon, dehors, il fait, je vous jure, trop froid pour sortir.
« The Muppet Christmas Carol », incontournable. Et « Die Hard » aussi ^^
It’s a Wonderful Life de Capra. Chaque année. Pas d’exception. Je n’ai pas besoin de rien d’autre.
La cinémathèque québécoise fait une soirée Le père noël est une ordure + chocolat chaud chaque année. C’est assez hystérique. Il y a pas endroit où tu peux trouver un plus grand groupe de québécois qui comprennent, c’est la magie de noël, l’humour français, l’espace d’un instant.