Annecy 2020 : Le meilleur des courts jeune public

Nous attaquons cette édition en ligne du festival d’Annecy par un petit peu de douceur et de légèreté ; une sélection de dix courts métrages pensés spécifiquement pour le jeune public.

Si dans l’œil d’un public lambda en effet – ou d’un votant aux Oscars, sentez ma colère éternelle – l’animation est avant tout réservée aux enfants, il n’en est rien à Annecy. Au bord du lac, la majorité de la production internationale se veut très adulte, sérieuse et mature.

Le public artiste du festival prend ainsi plaisir à voir l’animation dépeindre intelligemment le monde dans sa noirceur et sa mélancolie… Sans pour autant oublier quand il le faut de retomber en enfance. C’est pourquoi nous sommes bien heureux de découvrir la sélection « jeune public 2020 ».

Parmi les dix courts métrages à durée variable (de 2 à 17 minutes), qu’est-ce que Cinématraque vous conseille, cher lectorat ? En étant honnêtes, nous pouvons tous les recommander ; cela vous prendra 70 minutes et il n’y aura quasi rien à jeter. Et pour être VRAIMENT honnêtes, on vous dira de sauter Like and Follow, seul véritable catastrophe de cette sélection : c’est bête comme un dessin de Plantu.

Dans cette belle sélection, vous trouverez par exemple le film russe Devochka-ptichka, qui raconte une enfant qui se prend pour un oiseau face à des parents désespérés. Vous pourrez écouter une magnifique chanson sylvestre dans le Nature d’Isis Leterrier, produit par TANT MIEUX PROD, ou encore suivre l’émancipation de Matilda, petite fille qui veut être la plus intelligente du monde et dont la mère lui achète des nouvelles têtes quand la première est trop pleine. Et comment passer à côté de Boriya, fruit d’une collaboration entre une artiste coréenne Min Sung Ah et la production française Marmita Films ? L’animation y est magnifique, le travail sur le son encore davantage.

Mais si nous devions en retenir seulement trois parmi les dix, ce seraient les suivants :

Teplaya zvezda, de Anna Kuzina (Russie)

Ce magnifique court animé en 2D par ordinateur (mais qui a des airs de papier griffonné) met en scène un oiseau chargé de nettoyer les étoiles du ciel, qui en échappe une sur terre. Des enfants la trouvent et jouent avec…

On pense beaucoup aux courts de chez Pixar face à la douce poésie du film d’Anna Kuzina. Les séquences avec les enfants qui jouent dans la boue rappellent aussi beaucoup la bande à Snoopy et Charlie Brown… Mais le passage le plus drôle, c’est lorsque la mère attrape l’un des enfants pour lui faire sa toilette. L’animation est vive, dynamique, riche. Quand le trait est si vivant, quand le dessin rebondit autant, on ne peut s’empêcher de sourire.

Archie, de Ainslie Henderson, écrit par Domenica More Gordon.

Archie reçoit des nouvelles bien tristes par la poste ; sa chère tante est décédée. En compagnie de son chien (Archie est lui-même un chien, bienvenue dans l’animation où le monde a le droit d’être fou), le héros voyage jusqu’au nord de l’écosse pour se rendre dans la maison de sa tante.

Archie est magnifique. En quatre minutes à peine, il parvient à nous émouvoir, nous donner le goût de l’aventure (les petites scènes dans le train ont un air de Tintin particulièrement délicieux), et à nous faire rire. Il faut dire que le tout est incroyablement enrobé par une composition très impressionnante de Rachel Portman. Une compositrice britannique ultra connue qui, on peut le dire, déchire sa race.

Cinema Rex, de Eliran PELED et Mayan ENGELMAN

Rien à voir avec un certain cinéma parisien puisque l’action se déroule en Israël ; un enfant juif dont le papa est projectionniste rencontre dans les salles obscures une enfant arabe qui ne parle pas sa langue. Une amitié interdite naît entre les enfants et se projette instantanément dans les films projetés dans le cinéma. Elle devient Robin des Bois, il devient Tarzan… Le septième art permet tout, même le rapprochement des peuples. C’est cinémagique.

Une morale simpliste, certes. Mais c’est magnifique, que les sans-cœurs et les cyniques aillent râler plus loin, voilà le genre de film que l’on veut montrer à nos enfants. Typiquement le genre de court-métrage que l’on imagine gagner un Oscar un jour.

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