Tu mérites un Amour : Hafsia Herzi, qu’est chiche

La salle pleurait avant que les lumières ne s’éteignent. Parce qu’Hafsia Herzi avait versé sa larme, face à elle. Et que comme on l’a découvert avec Kechiche dans La Graine et le Mulet, lorsque Hafsia pleure, on a envie de pleurer, lorsqu’elle gueule on a envie de gueuler, lorsqu’elle mange on a faim, et lorsqu’elle danse on tape du pied.

Là, face au public de la Semaine de la Critique à qui elle va dévoiler pour la première fois son premier long métrage Tu mérites un Amour, Hafsia Herzi verse sa larme. Pas une larme calculée, pas une larme effrayée, pas une larme fatiguée, non, un petit sanglot étouffé par un éclat de rire. Un truc spontané comme tout, qu’elle peine à expliquer, voix tremblotante. Sa toute jeune équipe la « laisse dans sa merde », refusant le micro.

Couscous et danse du ventre

Tourné très rapidement avec peu de moyens, Tu mérites un Amour met en scène Lila (Hafsia Herzi), une jeune fille peinant à oublier celui qui vient de la tromper (Jérémie Laheurte, un autre visage kéchichien), tiraillée entre l’envie de le pardonner et la certitude qu’il recommencera, que de toute façon c’est un connard.

Gros plans à gogo, dialogues improvisés, scènes de couscous, danses du ventre : on pourrait facilement croire que l’on est chez Kechiche. Pour autant, à cet univers qu’elle connait bien, Herzi ajoute quelque chose que l’on pourrait apparenter à une certaine forme de candeur. Consciente des faiblesses de son film (elle n’a assurément pas le sens du rythme dans les dialogues de l’homme de La vie d’Adèle), elle compense en ajoutant une grosse dose d’humour, notamment par le biais du personnage de son meilleur ami gay, campé par l’incroyable Djanis Bouzyani. Le binôme fonctionne à la perfection, et aura déclenché c’est certain lorsque les bilans de fin de festival seront effectués les plus gros éclats de rire de cette dizaine de jours de cinoche.

C’est amusant de voir le malin plaisir que prend la réalisatrice à se jouer des codes de celui qui l’a révélée au grand public. Tu mérites un Amour emprunte tous les passages obligés d’un Kechiche, des scènes de drague aux scènes de danse en passant par les scènes de sexe (quoique bien moins explicites) pour les détricoter, s’en amuser. Ainsi, lorsqu’un couple de touristes libertins propose un plan à trois à Lila, c’est lors d’un repas dans un restau chic parisien, et tous les clients voisins de tablée assistent, choqués, à la discussion. Herzi rit aux éclats, et le spectateur aussi.

Tu mérites un Amour est un premier film d’une belle intelligence, qui n’a peur ni de s’emparer de bon nombre de problématiques et d’idées kéchichiennes, ni de les faire siennes en les saupoudrant d’une patte très personnelle. Oui, c’est certain, une autrice est née.

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3 thoughts on “Tu mérites un Amour : Hafsia Herzi, qu’est chiche

  1. je trouve au contraire qu’il traite avec beaucoup de pudeur et de poésie une réalité de notre siècle. Les comédiens sont frais, et d’une authenticité remarquable. Avec mes soixante années d’expérience, je félicite toute l’équipe cinématographique pour cette réalisation.

  2. S’il y a un intérêt à ce film, j’aimerais que l’on m’explique lequel ! Une fille qui se désole parce que son mec la trompe, le gars qui part au bout du monde, la fille qui rencontre d’autres personnes…… Ça n’en finit pas et il ne se passe rien. Le film de l’ennui maximum !

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