Le générique de début a ceci de causant qu’il fait apparaître cinq lettres, BA–BAR. Je ne cherche pas ainsi à vous signifier que c’est un film sur les éléphants. C’est BALIBAR, qui s’affiche. BARBARA, ensuite.
L’une et l’autre vont se rencontrer, se mélanger, dialoguer ensemble par la magie du cinéma. Barbara n’est pas un énième biopic, puisqu’il ne nous raconte pas l’histoire de la vie de la chanteuse, plutôt celle d’un biopic en train de se faire. Amalric y met en effet en scène le film facile et linéaire qu’il ne voulait pas faire, en train de se faire. Et dans le rôle titre, c’est Jeanne Balibar, qui apprend à coller à son personnage, celui, donc, de ladite Barbara.
Barbara est ressuscitée
Barbara a ceci de passionnant qu’il installe sa narration en forme de film dans le film dès ses premières séquences, pour nous perdre ensuite dans ses labyrinthes. A ce petit jeu de mise en scène, le réalisateur ajoute des images réelles de la chanteuse, qui viennent s’entremêler avec ce récit à tiroirs, jusqu’à ce que l’on en vienne à croire apercevoir la vraie Barbara dans le film qui se tourne. C’est bien elle qu’Amalric cherche à réellement faire revivre à l’écran ici.
Cette vraie prouesse de cinéma est permise par la présence électrique de Jeanne Balibar, qui n’avait jamais été aussi splendide depuis Dieu Seul me Voit. L’actrice crève l’écran, Amalric lui offrant là un rôle lui permettant de déployer deux facettes bien distinctes : celle d’une bûcheuse, d’abord, d’une performeuse, ensuite. Parce que Balibar campe ici non pas Barbara, mais Brigitte, actrice sensée camper ladite Barbara dans le biopic éponyme (vous suivez ?).
Aussi, plus qu’une biographie, le film d’Amalric est une déclaration d’amour aux acteurs et aux actrices, qui à eux seuls, peuvent réveiller les morts à l’écran, faire revivre les mythes, et entretenir les légendes.