Le moment le plus marrant, dans Connasse, c’est quand tu demandes ton billet à la caisse

Les teasers m’avaient bien fait marrer, les affiches placardées partout dans Paris me rappelaient à chaque trajet vers le taf que le film sortirait bientôt : la promo agissait pépèrement sur moi, j’avais programmé aller voir Connasse dès sa sortie en salle.

Pourtant, le mercredi en question, pas moyen de trouver la motivation pour m’y rendre. J’avais plus urgent. D’abord une carte d’identité à refaire, ensuite la déclaration d’impôts à rédiger, la vaisselle, le ménage, des pompes à acheter, le pain à ramener, des oeufs, Camping 2 à revoir, mes chevaux virtuels à brosser (ne me demandez pas de vous expliquer). Tout devint prétexte à repousser l’échéance, sans que je ne comprenne réellement pourquoi.

Connasse était devenu le film que je ne voulais pas aller voir. Sans raison. Rejoignant ainsi dans cette catégorie Taxi Téhéran et Avengers 2.

Il fallut que ma chère et tendre daigne me ramener à la raison, me rappelant combien nous avions ri au visionnage du tout premier teaser, combien nous nous étions enthousiasmés à l’annonce de la mise en production du long métrage de notre héroïne préférée, combien nous comptâmes les jours depuis quelques mois nous séparant de la sortie de Connasse.

C’est tout de même à reculons que je suis finalement entré dans la salle samedi soir dernier. Gigotant sur mon siège, je cherchais pendant les bande-annonces un ultime prétexte de m’échapper de ce calvaire à venir.

– Mais je comprends pas, tu l’adores.

– Moi non plus je comprends pas, mais je veux pas être là.

Il suffit de quelques secondes de film pour comprendre la raison de cette présomption de déception. Sur un grand écran, la connasse agace plus qu’elle fascine. Sa voix est faite en postsynchro. On ne peut pas se repasser les sketches les plus drôles pour faire un arrêt sur image au moment où la personne dupée fait une tronche bizarre. On ne peut pas regarder en calbut’ dans le canapé avec des chips pas loin.

Et surtout, ça dure 1h20.

1h20 de fulgurances et de remous, là où les 2 minutes de la version courte enchaînaient les fulgurances. La connasse, cette ex-super-héroïne est ici parfois filmée moins drôle, plus politiquement correcte.

On se surprend même à essayer de trouver les scènes arrangées, celles déjà trop écrites, où les punchlines virtuoses de Cottin paraissent vannes un peu vaines de scénaristes régressifs.

Comme un magicien redondant et fier de lui duquel on se lasserait au point de ne plus se focaliser que sur la quête des ficelles de son tour. La magie Connasse n’opère donc pas sur grand écran.

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