D’abord, le titre. Dupieux a toujours fonctionné à la provoc, au contrepied, créant en titillant spectateurs et acteurs. En intitulant son nouveau film Réalité, il semble faire un pied de nez à tous ceux qui, de Steak à Wrong Cops, dénigrèrent l’aspect foutraque, assez systématiquement surréaliste de sa filmographie.
Cette fois, c’est pour de vrai, nous prévient-il.
Mais Réalité, en réalité, c’est le prénom d’une petite fille, dont le père chasse le sanglier et qui, voyant celui-ci dépecer son butin, aperçoit dans les entrailles une K7 vidéo qu’elle se met en tête de récupérer. Une réalité des plus contestables, donc, comprendra-t-on d’emblée. Il sera par ailleurs question d’un réalisateur (Chabat), en quête selon la volonté de son producteur (Lambert), du gémissement parfait, condition sine qua non de la faisabilité du scénario qu’il est venu proposer.
Réalité, c’est chronologiquement parlant le premier film voulu par Dupieux et son bras droit de producteur, Grégory Bernard. C’est également le projet le plus cher et le plus écrit du prolifique binôme. Quoi de plus normal, donc, que d’y voir une synthèse des préoccupations majeures du cinéaste, syncrétisme contrôlé du délire Steak, de la poésie Wrong et de la liberté Rubber.
Réalité résonne comme l’oeuvre la plus maîtrisée – et donc assez naturellement la plus accessible – de son auteur. En effet ici, point de temps mort, pour peu que l’on daigne prendre le wagon vers ce Grand 8 bossu, penché et branlant. « Quentin invente l’humour du troisième millénaire », nous disait Jonathan Lambert en interview, sourire aux lèvres. Rien n’est moins sûr, mais on ne peut qu’octroyer à Dupieux le souhait d’essayer des choses jamais vues jusqu’ici, et d’obtenir de nous un rire duquel on peine à trouver la cause. Oui, Réalité est une – très grande – comédie.
Là où les précédents Dupieux pouvaient donner l’impression, passée la première heure, d’un peu tourner en rond et de tomber dans un systématisme du contre-pied, c’est ici tout l’inverse. Dans son dernier tiers, il rebat complètement les cartes, jouant avec les codes du cinéma, des mises en abime et du capital comique d’Alain Chabat, magistral.
Pourtant, on peut craindre dans son exposition que le film se contente de reproduire les schémas de ses prédécesseurs sans y apporter la moindre plus-value, faisant tourner en rond à son tour la carrière de Dupieux. Mais l’habile DJ manie sa filmographie comme ses boucles soniques. Il s’agit à chaque fois d’ajouter un petit quelque chose pour éviter le rébarbatif, et finalement donner une cohérence, une raison d’être à tout ce qui a été dit avant.
Ainsi, Réalité, c’est la fin d’une chanson, le boucle qui conclut, donnant un goût de reviens-y à celles qui l’ont précédée, apportant des pistes de compréhension et de découverte d’un univers encore plus riche qu’il n’eût pu paraître.
A lire également, l’interview de Grégory Bernard & Jonathan Lambert, producteur et acteur du film
Réalité, de Quentin Dupieux, avec Alain Chabat – Sortie le 18 février 2015
http://www.amazon.fr/Julius-Corentin-Acquefacques-prisonnier-r%C3%AAves/dp/2840550113/ref=sr_1_cc_1?s=aps&ie=UTF8&qid=1423347642&sr=1-1-catcorr&keywords=marc+antoine+mathieu+le+processus
pour les amoureux du genre!
C’est vrai qu’il y a de l’idée, mais la mise en place de tous les éléments qui nous permettront de voyager dans les couloirs du temps, du réel et de l’imaginaire, est un peu longue… Au bout du compte, le résultat valait la peine d’être patient…
C’est pas le film du siècle, c’est de la BD de Marc-Antoine MATHIEU en mieux… en son et en images, à recommander à qui est prêt à s’envoler pour une aventure singulière dans la courbure de l’espace-temps.