Yassassin, Les Chroniques de Berlin (1)

Première chose et pas des moindres, le temps est clément en cette 64ème Berlinale, exit les pompes détrempées par la neige fondue et les parkas qui dégoulinent sur les fauteuils de cinéma.

Les festivaliers attendaient, non sans impatience, le nouveau film du chinois Fruit Chan, bien des espoirs furent déçus. Un groupe prend place à bord d’un Noctilien tuné et prend conscience que Hong-Kong a été intégralement vidé de sa population. Les lignes téléphoniques ont été mystérieusement coupées, seul reste un bruit strident qui s’échappe des téléphones des passagers. Tandis qu’ils s’attellent à résoudre l’énigme, certains succombent à de drôles de maux ou s’immolent par le feu, le tout dans une atmosphère survoltée et loufoque. La reprise, que dis-je le massacre de Space Oddity de David Bowie par un ado attardé, balai autour du cou, acheva de me convaincre de quitter la salle au bout d’une heure de torture. J’ai visiblement bien fait (cf. le tweet de ChrisBeney : le croiras-tu la deuxième heure était pire que la première). N’ayant vu que la moitié du film, je ne saurais me permettre de développer plus avant mon analyse.

 

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Fort heureusement, la journée avait démarré sous de meilleurs auspices, Guillaume Nicloux et son jouissif Enlèvement de Michel Houellebecq étant extrêmement convaincants. Le réalisateur, déjà en compétition à Berlin en 2013 pour La Religieuse (dont il est d’ailleurs brièvement question dans ce nouveau film), livre cette fois le récit du kidnapping – ou la parodie de kidnapping – du célèbre écrivain par une bande de malfrats doux comme des agneaux. L’Enlèvement de Michel Houellebecq est un film sur la fin de la crainte : le sujet pourrait sembler pompeux ou moralisant, il n’en est rien, on prend simplement plaisir à suivre les aventures de cette fine équipe qui rend à l’écrivain cette captivité « la plus agréable possible », comme il le confie à Ginette, la mère d’un de ses geôliers. Où l’on découvre un Michel Houellebecq désopilant et particulièrement doué pour le Krav Maga, qui l’eût cru.

Ce vendredi 7 février, avait également lieu la première de Jack, un film allemand de Edward Berger et Nele Mueller-Stöffen. Jack et son petit frère Manuel vivent avec leur jeune mère Sanna ,dont le sens des responsabilités est tout relatif. Sa disparition oblige les deux garçons à partir à sa recherche. Les auteurs s’attachent au parcours du combattant d’un enfant continuellement dans l’urgence, résigné et pourtant résolu. Resserrée autour de ces deux enfants, la mise en scène est épatante de sobriété, évitant habilement tout misérabilisme. Et la séquence Glamourama du jour : la conférence de presse de American Bluff, avec David O. Russell, Christian Bale et Bradley Cooper (pas très causant, d’ailleurs). L’occasion pour chacun de dire combien il fut « wonderful » et « amazing » to work with such talented people ! Vous avez dit bluff ?

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Par Louise Riousse, envoyée spéciale de Cinématraque à Berlin.

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