Planes : Disney flingue Pixar en plein vol

Plus les années passent, et plus cela se confirme : il y aura un avant et un après Rebelle. Passons sur le fait que la réalisatrice s’est fait débarquer pour être remplacée par un homme plus docile, Rebelle soulignait, un peu tard, l’attitude de Pixar face à son « partenaire » principal Disney. Des rebelles, au sein de l’empire Disney, on en trouve peu. Alors que Chris Sanders (Lilo & Stitch) a préféré s’éloigner de l’étouffant magma que représente la firme, John Lasseter a fait le pari d’être vizir à la place du vizir. Comme si, de nos jours, se voir offrir le pouvoir suffisait pour l’exercer. Depuis que Lasseter a été neutralisé, les banksters de chez Disney détricotent progressivement l’univers de Pixar, en espérant toutefois en garder le potentiel financier. L’idéologie en cause est celle du profit immédiat, celle-là même qui régit la grande finance et  qui, célébrée dans les années 80, avait fait chuter l’empire dans les années 90. Disney, qui n’apprend donc jamais de ses erreurs, se comporte avec Pixar comme le ferait un fond d’investissement avec une PME.

Il est à craindre que Pixar disparaisse très vite. Planes fait basculer le studio dans un gouffre sans fond. La fin est proche : il n’est dès lors pas étonnant que Disney n’associe même plus les inventions au studio qui les a créé. Planes n’est donc pas un film Pixar, mais un film Disney basé sur l’univers créé par Pixar. Après avoir offert une piteuse préquelle à Monstres et Cie, voilà qu’ils s’attaquent au monde de Cars. De ce microcosme, il ne reste en réalité qu’une carcasse rouillée, trempant dans l’huile de vidange. Certes, la franchise Cars était sans doute la production la plus cynique de Pixar : des produits fabriqués avant tout pour vendre des jouets à une cible bien précise (les petits garçons). Malgré tout, les deux épisodes permettaient de différencier un film Pixar d’un autre produit : une certaine poésie dans les scénarii, et surtout une volonté de repousser les limites des tours de force technologiques. A défaut de chefs-d’œuvre, des produits solides. Ici, aucun effort n’a été fait. Planes n’est qu’un vieux tacot célébrant la camaraderie virile, l’armée américaine et l’esprit de compétition : loin de l’esprit satirique de Pixar, un film conservateur et réactionnaire. En cela, Planes est à l’image de l’idéologie dominante : puant.

Planes, Klay Hall, avec les voix de Dane Cook, Priyanka Chopra, Julia Louis-Dreyfus, Etats-Unis, 1h32.

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17 thoughts on “Planes : Disney flingue Pixar en plein vol

  1. l’important c’est le plaisir de regarder on s’en tape des coulisses et des histoires de pognons… si mon gamin aime c’est le principale.

    1. Tout est une question d’éducation, on peut amener son enfant voir un film qui glorifie « la camaraderie virile, l’armée américaine et l’esprit de compétition » où l’on peut éviter de lui faire subir pareille morale. Libre à vous d’amener votre enfant vers ce genre de produit. Je n’ai rien à redire là dessus. Après tout ce n’est pas mon enfant, son avenir m’importe peu. Oui ces histoires de pognons on s’en tape.

      1. « Planes n’est qu’un vieux tacot célébrant la camaraderie virile, l’armée américaine et l’esprit de compétition : loin de l’esprit satirique de Pixar, un film conservateur et réactionnaire. En cela, Planes est à l’image de l’idéologie dominante : puant. » sans atteindre la profondeur des derniers Dreamworks, Dragons en tête, Planes ne raconte absolument pas ce que vous écrivez sur le site. Il faudrait arrêter de voir les films comme vous voulez les voir, et les voir pour ce qu’ils racontent vraiment.

        Planes célèbre un avion de toutes les nationalités à la fin, ça serait pas mal de pas s’endormir avant la fin du film. Pas du tout conservateur et réac’, carton rouge sur le « journaliste » qui a pu extraire cette idéologie puante de l’inoffensif Planes.

        1. Sur les derniers plans du film, le héros rejoint l’avation de l’armée américaine. la scène good guy on est pote avec les autres avions autre qu’américain se situe avant la toute fin du film. Et par ailleurs, l’esprit réac d’une certaine frange du cinéma hollywoodien s’ouvre aux autres nationalités lorsque celles ci se soumettent a la culture yankee. Et c’est le cas ici. Bref, loin de m’être endormis j’ai tenté ici de faire ressortir des idées qui évoluent clandestinement dans ce film. Il est heureux de voir, que je n’ai pas été le seul a voir cet aspet réac, ainsi que la pietre qualité technique et artistique du film. Ensuite on peut être en désaccord…

          Par ailleur, il y a un gros fail aussi dans le politiquement correct des Disney ecolo, le héros fait de l’épandage aérien a partir de produits chimiques, tranquille, tout va bien…

        2. Les machines hollywoodiennes sont loin d’être fabriqué pour être des objets inoffensifs. Elles peuvent être de très bonne facture, ou, comme ici, d’une bétise crasse, mais elles ne sont jamais inoffensives.

    1. Coucou Bernard… 2 Ghibli?

      Dans le système de notation (ici de ce système on s’en moque, voila pourquoi on y met n’importe quoi) j’ai fais référence à deux Ghibli, est ce pour cela que tu évoques 2 Ghibli?. Ou bien est ce par ce que je parle du studio Ghibli dans ma critique de Monstre Academy que je mets en lien?

      Commentaire étrange, peux tu être plus précis?

      1. Oui, Je fais référence au nombre de citations d’un film des studios Ghibli dans ta notation. Je comprends parfaitement, au vu de la cible de ces film, qu’on puisse les comparer. Mais mon interrogation est sur le nombre. Pourquoi 2, et pas seulement 1? Cela veut-il dire que n’importe quel Ghibli est 2 fois mieux que ce Pixar? Ou voulais-tu m’intriguer pour m’obliger a revoir le film de Ken Loach?

  2. Voilà une critique qui ne mâche pas ses mots ! Merci en tout cas de me faire gagner du temps, je n’avais déjà pas envie de me pencher sur Cars 2, alors Planes…

    (par contre, je ne suis pas sûr, même sans l’avoir vu, que Monstres Academy soit si piteux. Après tout, des suites, Pixar en avait fait avant, et pas des moindres…)

    1. Je veux bien revoir Monstres Academy pour relativiser mon jugement (après tout j’ai vu ailleurs de beaux écrits sur ce film qui me font dire que, peut être, j’ai été trop méchant avec lui), mais ce n’est pas parce que c’est une suite que je le trouve décevant. C’est en tant que film détaché de toute autre oeuvre. Je suis un grand admirateur des 3 Toy Story, chacun de ces trois films enrichissent l’univers de base et ne perdent rien dans l’écriture scénaristique et les avancés technologiques, et pour ne rien gâcher à chaque fois la réalisation se renouvelle. Il reste un peu de création dans les deux Cars, mais entre Monstres et Compagnie et Monstres Academy, il ne reste que peu de chose. Et pour Planes: rien du tout.

      1. Avis tout personnel mais confirmé par mes enfants :
        * Cars 2 est carrément meilleur que son prédécesseur. De l’humour, du suspense, on se détache de l’esprit compétition juste pour la course. Seul regret, l’absence du personnage emblématique « Doc » Hudson du 1er Opus.
        Maintenant, sans avoir vu Planes, je crains le pire (après Turbo la semaine dernière avec mon bout de chou de 5 ans, franchement déçus tellement c’était ras-des-paquerettes).

        * Toy Story est une bonne saga, mais le 2ème a été fait pour honorer le contrat avec Disney, et cela se ressent quant on le revoit après le 3. Manque de poésie, de relief…

        * Monstres & Cie, film préféré de mon fils depuis qu’il regarde la tv, a eu droit à une préquelle honorable, très distrayante et qui se regarde sans regrets, même si ce n’est pas un chef-d’oeuvre comme le 1er.

        Dans tout cela, Planes n’est PAS un Pixar, on ne peut donc pas se plaindre… ce serait comme d’aller voir Tolkien, pour dire qu’on n’a pas apprécié la BD adaptée de Bilbo.

        1. Cars 2 je n’accroche pas du tout, mais c’est personnel, je peux comprendre qu’on puisse défendre le film.
          Pour Toy Story 2, certes c’était pour honorer le contrat, mais ils l’ont fait avec une belle intelligence. La trilogie Toy Story montre que l’on peut faire des films passionnants et vendre un tas de produits dérivés. Que les films peuvent être tout à la fois des oeuvres artistiques et des produits d’appels pour vendre des jouets Disney.
          C’est tout le drame de Planes, d’avoir oublié ce qu’était la magie capitaliste de Pixar.
          Planes n’est pas un Pixar, je l’ai assez répété oui, mais la trahison de l’univers Pixar par Disney ne peut pas être comparé a celle d’une BD adaptant les livres de Tolkien. Dans le cas de Planes il s’agit d’un même médium, ce qui n’est pas le cas dans ton exemple. J’ajouterais que Pixar et Disney entretiennent une relation incestueuse depuis des lustres, mais dans ce genre de relation, ça finit toujours, d’une manière ou d’une autre par la destruction de l’autre.

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